L’histoire : Enfant, le narrateur s’invente un frère imaginaire, beau, fort... Il souffre de décevoir ses deux parents, athlètes, alors qu’il est frêle et maladif et grandit dans une famille où la communication s’avère difficile. Un non dit existe sans que l’enfant puisse y mettre des mots. Un jour, il trouve dans de vieux cartons un petit chien en peluche que sa mère l’oblige à laisser au grenier. Adolescent, la voisine et amie de la famille, Louise, lui dévoile alors le terrible secret qui pèse sur toute sa famille et qu’il est le seul à ignorer.

J’ai vu le film de Claude Miller avant de lire cet ouvrage. Et je n’ai pas été déçue. Le film est fidèle au livre et en restitue tout à fait l’ambiance. Le film m’avait bouleversée pendant des semaines et, bien que je connaisse déjà l’histoire du narrateur, j’ai vraiment apprécié le style de l’auteur, sa pudeur et sa poésie. Son histoire (le roman est largement autobiographique) est tragique et peut en choquer certains mais on découvre des personnages profondément humains, douloureux qui tentent d’arracher à la vie le moindre petit bonheur. L’écriture est sensible, douce, sans jugement. C’est vraiment un petit bijou et je ne résiste pas, sans rien vous dévoiler du fameux « secret », à vous faire découvrir un extrait qui m’a vraiment touchée :

"Fils unique, j'ai longtemps eu un frère. Il fallait me croire sur parole quand je servais cette fable à mes relations de vacances, à mes amis de passage. J'avais un frère. Plus beau, plus fort. Un frère aîné, glorieux, invisible. J'étais toujours envieux, en visite chez un camarade, quand s'ouvrait la porte sur un autre qui lui ressemblait quelque peu. Des cheveux en bataille, un sourire en coin qu'on me présentait en deux mots: «Mon frère.» Une énigme, cet intrus avec lequel il fallait tout partager, y compris l'amour. Un vrai frère. Un semblable dans le visage duquel on se découvrait pour trait commun une mèche rebelle ou une dent de loup, un compagnon de chambrée dont on savait le plus intime, les humeurs, les goûts, les faiblesses, les odeurs. Une étrangeté pour moi qui régnais seul sur l'empire des quatre pièces de l'appartement familial."