Les lectures de Nag

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Concerto à la mémoire d'un ange, Eric-Emmanuel Schmitt

Ce livre est composé de plusieurs nouvelles qui ont toutes en commun la présence de Sainte Rita et le fait que leur vie change, à un moment ou à un autre. Il y a la tueuse de mari, acquittée, qui se met à tout confesser pour avoir l'attention du nouveau curé ; le père de famille, marin, qui, après l'annonce elliptique de la mort d'une de ses filles, s'aperçoit de l'importance de sa famille ; le président de la République, sa femme et leur relation amoureuse ;  les deux jeunes musiciens qui, suite à un accident, changeront complètement le cours de leur vie...

Ce n'est pas mon recueil préféré de nouvelles de Eric-Emmanuel Schmitt. J'avais préféré La Rêveuse d'Ostende. Mais les histoires racontées par l'auteur sont humaines, parfois drôles ou dérangeantes et ramènent toutes à la nature humaine au plus profond de chacun. La présence de Sainte Rita est un clin d'oeil qui relie chaque nouvelle de ce recueil. J'ai particulièrement aimé l'histoire de la tueuse de mari qui cherche à avoir plus d'attention de la part du jeune curé de la paroisse... Ces nouvelles sont suivies du journal d'écriture de l'auteur qui décrypte les thèmes abordés dans ces textes : la liberté, le libre arbitre, l'altérité... Eric-Emmanuel Schmitt nous amène ainsi à réfléchir sur nous mêmes et nos relations aux autres. J'ai une fois de plus beaucoup aimé ces nouvelles sans qu'elles constituent toutefois mon recueil préféré.

La patience des buffles sous la pluie, David Thomas

Cet ouvrage est un recueil de très nombreuses petites histoires sur le quotidien, les hommes et les femmes, les couples et tout un tas de situations que l'on peut rencontrer, tant joyeuses que dramatiques ou pathétiques.

J'ai été étonnée du titre de ce recueil, sans vraiment savoir ce que j'allais lire. Et j'ai adoré! Je me suis éclatée, je riais toute seule dans le métro. Toutes ces histoires sont tellement vraies et réalistes que tout le monde peut s'y retrouver! J'ai adoré le style, variable selon les narrateurs, fin, incisif... c'est très difficile de commenter cet ouvrage, il faut absolument le lire! J'ai bien aimé "Cheyenne", une histoire dans laquelle un couple cherche un prénom pour leur fille à naître et imagine l'appeler Cheyenne. Mais pour s'appeler Cheyenne, le mari se dit qu'il faut être une bombe, sinon ça fait crétin, une moche qui s'appelle Cheyenne... J'ai bien aimé aussi "Slip" mais encore beaucoup d'autres qui sont tendres, touchantes! Je n'ai pas l'impression de rendre justice à ce recueil alors je conclus en ne disant qu'une chose : LISEZ LE ABSOLUMENT!!!!

Odette Toulemonde et autres histoires, Eric-Emmanuel Schmitt

Encore un billet en retard...

Ce livre est composé des nouvelles suivantes :

- Wanda Winnipeg

- C'est un beau jour de pluie

-L'intruse

-Le faux

-Tout pour être heureuse

-La princesse aux pieds nus

-Odette Toulemonde

-Le plus beau livre du monde

J'ai beaucoup aimé ces nouvelles, poétiques, humaines, charmantes... et vraiment très très bien écrites... Ma préférée est sans aucun doute Wanda Winnipeg. C'est l'histoire d'une milliardaire qui ne l'a pourtant pas toujours été. Ses souvenirs lui rappellent sa vie d'avant lors d'un séjour dans le Sud de la France, avec ses amis richissimes. Elle revoit en effet un artiste raté, vieilli qui est en quelque sorte celui qui lui a permis d'être aujourd'hui la femme qu'elle est, pleine de mystère et surtout très très riche et snob! Pourtant Wanda va en profiter pour lui rendre ce qu'il lui a donné, alors qu'elle était toute jeune... Une jolie fable, c'est tout à fait le mot! Et puis l'histoire d'Odette Toulemonde, bien sûr, qui m'a touchée! J'ai, par contre, été étonnée que le film ait précédé la nouvelle... j'ai donc hâte de le voir, d'autant plus que j'aime beaucoup Catherine Frot! Bref, Eric-Emmanuel Schmitt a été une vraie découverte pour moi en ce début d'année... une bouffée d'oxygène!

La rêveuse d'Ostende, Eric-Emmanuel Schmitt


Ce livre est un recueil de nouvelles:

La rêveuse d'Ostende : L'auteur, un écrivain, va se remettre d'un chagrin d'amour en louant l'étage d'une vieille demeure à Ostende. Sa logeuse, une rêveuse, va lui révéler son plus grand secret...

Crime parfait : La narratrice, Gabrielle, décide d'éliminer son mari afin de savoir ce qu'il détient dans deux boîtes qu'il cache soigneusement...

La guérison : Une jeune infirmière découvre sa féminité grâce à un patient aveugle suite à un accident.

Les mauvaises lectures : Maurice Plisson, professeur d'histoire géographie en prépa, déteste les romans qu'il juge inutiles. Lors de ses vacances en Ardèche avec sa cousine, il va lui subtiliser un roman policier...

La femme au bouquet : Le narrateur se rend régulièrement à Zurich et, à chaque fois et pendant plusieurs années, il remarque une femme âgée qui attend sur le quai avec un bouquet et s'interroge sur la personne qu'elle attend...

Curieusement, la grande diffusion des livres de cet auteur m'avait fait penser qu'il s'agissait d'une sorte de Marc Lévy normalien... ça ne me tentait pas plus que ça, je trouvais que les titres de ses romans étaient poétiques mais je craignais qu'il ne s'agisse que de bleuettes, sympathiques à lire, mais sans plus! Et bien je me suis bien trompée! Et j'ai bien fait de lire ce recueil de nouvelles qui m'a fait du bien, vraiment! Il m'a comme soignée! Oui, Eric-Emmanuel Schmitt est un vrai écrivain, poète, dramaturge (cela se sent dans les dialogues) qui traite de belles histoires humaines, profondes. Je me suis régalée! Comme quoi, il ne faut pas se laisser aller à des idées préconçues. J'ai beaucoup aimé la Rêveuse d'Ostsende et Crime parfait mais j'ai préféré La guérison. J'ai trouvé cette histoire profonde, touchante, je me suis complètement imaginée à la place de Stéphanie, complexée, sûre qu'on ne peut pas l'aimer... C'était une vraie découverte et un vrai plaisir! Je n'en resterai pas là! ;)

La petite mariée, suivi de Nuage et Soleil, Rabidranath Tagore

Cet ouvrage regroupe deux nouvelles:

La petite mariée : Apurbo, un jeune homme sérieux qui étudie à Calcutta, tombe amoureux de Mrinmayi, une jeune fille très indisciplinée. Sa belle famille va tenter d'en faire une épouse modèle et ce n'est qu'avec l'amour de son mari que Mrinmayi finira par l'aimer également.

Nuage et soleil : Giribala est une petite fille qui demande à Sashi de lui apprendre à lire. Ce qu'il fera pendant des années, sans toutefois se rendre compte que la jeune fille continuera à venir le voir mais dans l'attente d'un peu d'attention. Sashi apprendra tardivement l'amour que lui porte Giribala, après être passé par bien des épreuves.

J'ai vraiment aimé ces deux nouvelles. Le style est très poétique, ce sont deux petits bijoux à lire absolument. Les personnages apprennent l'amour, dans une Inde de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle, pourtant a priori rigide. J'ai trouvé ces deux textes profondément modernes et j'ai découvert cet auteur, le premier non européen à avoir reçu le prix Nobel en 1913. J'avoue que je ne sais pas quoi ajouter si ce n'est que le texte est d'une pureté surprenante. Mais je reste sur ma faim et je compte bien continuer à découvrir cet auteur!


Daisy Miller, Henry James

L'histoire : Le jeune Winterbourne est un Américain qui a grandi en Europe. Il rencontre en Suisse, Daisy Miller, une jeune femme américaine assez libérée. Celle ci se soucie peu du quand dira-t-on et se promène constamment avec des hommes, sans chaperon. Elle n'a pas non plus sa langue dans sa poche et ne semble gênée de rien. Winterbourne va tomber sous le charme de cette jeune femme sans jamais savoir si elle est "innocente" ou juste délurée et donc infréquentable.

J'ai aimé retrouvé dans cette nouvelle le style de Henry James que j'avais vraiment apprécié dans Le tour d'écrou : une écriture claire, raffinée mais sans trop de fioritures. Une écriture vraiment élégante! L'histoire est assez amusante car on se demande effectivement quelles seront les conséquences du comportement de Daisy Miller, qui tend à s'isoler progressivement de ses compatriotes faute d'un comportement décent. On s'interroge également sur l'attirance du jeune Winterbourne. Où cette histoire nous mènera-t-elle? Au final, la fin pour Daisy n'est pas franchement glorieuse mais un peu rapide à mon goût! Une bonne lecture néanmoins...


Une rose pour Emily et autres nouvelles, William Faulkner

Ce recueil comporte 4 nouvelles :
  • "Une rose pour Emily"
  • "Chevelure"
  • "Soleil couchant"
  • "Septembre ardent"
Ces 4 histoires se déroulent aux Etats Unis et dressent des portraits de femme. Dans "Une rose pour Emily", Faulkner évoque Emily, une femme cloîtrée dans sa maison et dont on ne découvre le secret qu'après sa mort. "Chevelure" évoque une jeune fille qui suscitera l'amour chez le coiffeur qu'elle fréquente depuis qu'elle est enfant. Dans "Soleil couchant", Nancy, une employée de maison noire craint le retour de son mari violent qui l'a quittée. Enfin, "Septembre ardent" évoque le comportement de Minnie Cooper, une femme qui ne suscite que de l'indifférence chez les hommes et ira jusqu'à inventer son agression par un homme noir.

J'ai bien aimé ces 4 nouvelles mais surtout "Une rose pour Emily" et "Septembre ardent". La 1ère parce que c'est l'histoire d'un secret, d'une pauvre femme que personne ne connaît vraiment et qui, sous l'apparence d'une indifférence tranquille, a finalement vécu une sorte de passion. La 2nde à cause du contexte. Faulkner dans cette nouvelle semble dénoncer la foi que l'on accorde dans les dires de Minnie Cooper, qui dit s'être faite violée par un Noir, et le sort du pauvre homme qui n'a même pas l'occasion de se défendre. La cruauté et l'assurance des hommes du village qui viendront le trouver est vraiment dérangeante. Il me semble que ces nouvelles dressent le portrait d'une société et d'une période, le Sud des Etats Unis au temps de la ségrégation. J'ai bien aimé le style de Faulkner mais sans plus. Je l'ai trouvé très sobre. Il faudrait sans doute que je lise ses oeuvres principales pour en avoir une meilleure idée.


"La vengeance de Samuel Lowgood", Mary Elizabeth Braddon

L'histoire: Samuel Lowgood a un rival au travail, Christophe Weldom. Celui ci a constamment de la chance, profite de promotions sans pour autant travailler davantage et réussit à séduire la jeune femme blonde de l'autre côté de la rue. Malgré sa fatuité, Christophe évolue dans la vie plus facilement et plus brillamment que Christophe mais il n'épousera pas la jeune Lucy, préférant faire un mariage d'argent. Samuel aura l'occasion, un jour, de récupérer la preuve de la malhonnêteté de Christophe et la conservera pour la sortir bien plus tard, au "bon" moment... alors qu'il aura épousée Lucy.

C'est l'histoire d'une vengeance ratée. Mary Elizabeth Braddon fait preuve de beaucoup de sens moral dans cette nouvelle qui se lit tranquillement mais qui m'a bien moins plu que "Le mystère de Fernwood". On s'attend à ce que la vengeance de Samuel n'aboutisse pas et personnellement, je l'ai trouvé mou et long à la détente, le Samuel ;).

Le mystère de Fernwood, Mary Elizabeth Braddon

L'histoire: Isabel est fiancée à Laurence et vient passer quelques jours dans la propriété familiale de Fernwood pour rencontrer sa belle famille. Rapidement, Isabel va être intriguée par Mr Thomas, un parent qui est soigné depuis 20 ans dans la propriété et que Laurence n'a amais vu. Elle va comprendre qu'il s'agit d'un mystère qui doit être caché à son fiancé.

Je n'avais jamais lu Mary Elizabeth Braddon et je me suis régalée! Tout y est, l'ambiance victorienne, la retenue et la naïveté des personnages...Bref, j'avais été emballée par Wilkie et je le suis par Braddon! Un auteur à conserver en mémoire... j'ai bien envie de lire ses romans! Merci à karine de m'avoir fait découvrir cet auteur. J'ai passé un très bon moment tout en me doutant que ces nouvelles ne sont pas non plus les chefs d'oeuvre de cet auteur... On doit donc se régaler, j'espère vous en parler un de ces jours...

Soulfood Equatoriale, Léonora Miano

L'histoire: Cet ouvrage est un recueil de petites histoires toutes tournées vers la cuisine camerounaise. L'auteur nous fait partager son amour pour sa culture, l'importance de la nourriture dans la vie des habitants du Cameroun, du petit enfant qui chaparde un avocat à Florence qui, pour choisir entre 2 amoureux, leur fait cuisiner un plat typique...

Cet ouvrage n'a pas de construction vraiment apparente. Il s'agit d'histoires courtes, d'instants saisis par ci par là, tous concernant la gastronomie camerounaise et à travers celle ci, toute la culture de ce peuple. On s'y sent vraiment projeté, cela donne envie d'aller manger Camerounais mais également de parcourir les marchés, de goûter ce sandwich appelé "saxophone", de croiser ces jeunes filles en uniforme scolaire... Bref, l'auteur nous emmène avec elle dans son Cameroun natal, par petites touches, et on la suit avec plaisir... Le style est africain sans être difficile à lire, fluide... Dépaysement garanti!

Extrait :  « Le voici. Là, sous mes mains qui cherchent, dans le placard de la cuisine, le gros galet plat et sa petite pierre ronde. Une pierre dense et solide. Elle sert à écraser, une fois posés sur le galet, les ingrédients de la sauce qui me ramènera chez moi. Je la laisse épouser parfaitement le creux de ma main. Aussitôt, j’entends le clapotis de l’eau sur les rochers. Le chant des pêcheurs qui rapportent une moisson de soles à braiser pour les fines cuisinières de la côte. »




Exercices de style, Raymond Queneau



L'histoire: Le narrateur est assis dans un bus de la ligne S qui s'avère bondée. Il remarque un étrange jeune homme dont le cou est très long, coiffé d'un chapeau présentant un galon tressé plutôt qu'un ruban. Ce jeune homme s'énerve contre un autre passager l'accusant de lui marcher sciemment sur les pieds à chaque arrêt, puis, dès qu'une place se libère, il court s'assoir dans le fond du bus. Plus tard, le narrateur recroise l'étrange jeune homme devant la Gare St Lazare: celui ci discute avec un ami qui lui suggère de coudre un bouton supplémentaire à son manteau.

Le simple fait pour moi de vous résumer cet ouvrage me fait jouer le jeu de Raymon Queneau! En effet, ce livre inclassable raconte la même histoire 99 fois de 99 manières différentes. A la façon de Cyrano dans la tirade du nez, Raymond Queneau varie les styles:"Médical", "Injurieux", "Exclamations", "Javanais", "Récit", "Analyse logique". Cela se lit vraiment vite d'autant que les textes sont très courts et certains illisibles comme le Javanais.
J'ai été totalement décontenancée par ce livre. Je connaissais le principe mais je ne pensais pas que l'histoire soit si courte et si inintéressante. La répétition est fastidieuse à la lecture, il faut s'attendre à un ouvrage que l'on lit comme de la poésie. Et c'en est! Cependant, on sourit car l'histoire est racontée de façons parfois drôles, on s'étonne de l'inventivité de l'auteur et de la difficulté de l'exercice. Cependant, à mon avis, cela reste surtout un ouvrage intéressant à étudier plutôt qu'une véritable lecture en tant que telle. Un petit vent de fraîcheur, une lecture rapide et surprenante... mais c'était plus pour combler mon inculture que pour passer un moment de lecture mémorable.

"L'étrange histoire de Benjamin Button", Francis Scott Fitzgerald



L'histoire: La famille Button a une position enviable et attend son premier enfant. Benjamin naît dans de singulières conditions puisqu'il arrive sur terre sous l'apparence d'un vieillard. Année après année, Benjamin va rajeunir et affronter de nombreuses difficultés pour se faire accepter. Il va pourtant se marier et tenter de mener une vie normale, à rebours de celle des autres...

Je dois dire que j'ai beaucoup ri en lisant cette nouvelle, assez courte! Tout d'abord, l'histoire de Benjamin Button est incongrue: il naît avec l'apparence d'un homme de 70 ans et rajeunit au fur et à mesure de sa vie. Forcément, cela fait sourire quand Francis Scott Fitzgerald décrit l'impression du jeune papa qui découvre son enfant vieux de 70 ans à la pouponnière... Je n'ai pas arrêté de rire. Mais cette nouvelle est sûrement bien plus profonde qu'il n'y paraît puisque F. Scott Fitzgerald dénonce finalement l'incompréhension et la méchanceté des gens face à la différence. Car Benjamin Button n'est pas accepté et doit affronter de multiples obstacles dans sa vie. Une très bonne nouvelle, d'autant plus que j'apprécie énormément le style de l'auteur, sa façon simple, claire et élégante de raconter des histoires incongrues.



Cette nouvelle a servi de base au film de David Fincher, sorti tout récemment, avec Brad Pitt dans le rôle de Benjamin.


La Garden Party et autres nouvelles, Katherine Mansfield

Cet ouvrage est un recueil de nouvelles : "Sur la baie" ; "La Garden Party"; "Les filles de feu le Colonel" ; "Monsieur et Madame Colombe" ; "Jeune fille" ; "Vie de maman Parker" ; "Mariage à la mode"; "Le voyage"; "Miss Brill" ; "Son premier bal" ; "La leçon de chant" ; "L'étranger" ; "Jour férié" ; "Une famille idéale" et "La femme de chambre".


L'histoire : A petites touches, de façon délicate, Katherine Mansfield nous dresse des portraits, des scènes de la vie quotidienne de son époque, tendres, cruelles, solitaires...

J'ai particulièrement apprécié:

"La Garden Party" : Une famille riche organise une Garden Party. Une des filles de la famille semble avoir une fibre sociale réelle et est choquée que l'on poursuive la fête alors qu'un ouvrier est décédé dans le quartier voisin.

"Les filles de feu le Colonel": Le colonel est mort et ses deux filles se retrouvent perdues, seules dans une maison qu'elles ne savent pas gérer. Elles ont vieilli sous l'emprise de leur père, une personne autoritaire et irascible.

"Mariage à la mode": Isabelle vit sa vie entourée d'amis très chics, artistes, durant la semaine où son mari est absent, mais également le weekend quand celui ci rentre. Sa frivolité, son égoïsme font que son mariage est mis à l'épreuve mais l'époux aime toujours profondément sa femme...


Il s'agit du dernier recueil de nouvelles publié du vivant de l'auteur. Si vous cherchez de l'action, ce n'est pas la peine d'ouvrir ce livre. Il s'agit de tableaux, de scènes de tous les jours, de situations où les sentiments, le poids de la société, les difficultés de la vie sont dépeintes tranquillement, sans jugement.  On sourit parfois, comme dans "Les filles de feu le Colonel", on est touché par la méchanceté de la jeune femme dans "Monsieur et Madame Colombe" et choqué par la frivolité d'Isabelle dans "Mariage à la mode". C'est un recueil de nouvelles reposant, dépaysant, doux malgré les difficultés de certains personnages... Une vraie bouffée d'air!

La femme rompue, S. de Beauvoir


La femme rompue est à la fois une nouvelle et un recueil. On le devine, Simone de Beauvoir ici parle de femmes. Elle nous offre trois nouvelles sur 3 femmes en souffrance : "L'Âge de la discrétion", "Monologue" et "La femme rompue".

L'histoire:

Dans "L'Âge de la discrétion", une femme remet en cause sa vie, son mariage face aux choix de vie de son fils adulte.

"Monologue" dresse le portrait d'une femme en pleine crise d'hystérie, violente qui essaie de s'affirmer en tant que mère.

"La femme rompue" évoque Monique, femme intellectuelle et libérée, qui découvre l'adultère de son mari. Bobos, tous les deux ont toujours évolué l'un à côté de l'autre, souriant de la crispation bourgeoise des autres, s'affirmant comme libres... Et ces convictions se heurtent à la jalousie de Monique qui, finalement, s'avère possessive, humaine... mais à l'encontre de ses valeurs.

Ces nouvelles m'ont beaucoup touchée mais c'est surtout "La femme rompue" qui m'a totalement bouleversée.

Monique a vécu toute sa vie suivant ses valeurs et ses désirs mais elle perd totalement pied lorsqu'elle découvre que son mari la trompe. Elle passe par toutes les étapes: la relativisation (ce n'est qu'une passade, c'est moi qu'il aime), la jalousie (elle fouille ses poches), l'hystérie... Elle se révèle une femme bien à l'encontre de ses principes, de son code de vie. Cet ouvrage parle de femmes et il en parle bien. On ne peut qu'être touché. C'est un livre féministe, oui, mais bien loin des clichés de femmes hystériques prêtes à tout pour écraser les hommes. C'est un livre féministe, qui rend hommage aux femmes et montre que l'on peut être une intellectuelle et être en proie à la passion et à une jalousie dévorante, que les sentiments ne se commandent pas. Monique ne vire jamais dans le pathos, elle est sublime d'humanité tout le long. Une humanité qui m'a bouleversée sans doute par la vérité du récit, son réalisme.

Ce livre fait vraiment partie de mes ouvrages préférés. Les 3 nouvelles sont de sublimes portraits de femmes bien que "Monologue" notamment soit assez "fleuri" (je ne vous en dis pas plus!). Bref, trois beaux textes à mettre entre toutes les mains, masculines et féminines.