Les lectures de Nag

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Tag - Littérature française

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L'enquête russe, Jean François Parot

L'histoire: Sartine impose à Nicolas et à Le Noir de monter une machination afin de pouvoir approcher au plus près du tsarévitch Paul, fils de l'impératrice de Russie, en visite à Paris. Peu convaincu par la pertinence de cette entreprise, Nicolas l'organise tout de même mais celle-ci, comme il le craignait, va tourner en catastrophe. Un notable russe, ancien favori de Catherine II, trouve la mort dans des circonstances sanglantes et Nicolas doit mener de front plusieurs enquêtes très imbriquées dans les relations diplomatiques de la France avec les jeunes Etats Unis et la puissante Russie.

Cette nouvelle enquête m'a énormément plu, sous doute davantage que la précédente. Jean François Parot, ancien diplomate, nous amène dans les arcanes des relations diplomatiques de la France de la fin du XVIIIème siècle. Nicolas Le Floch se trouve mêlé, non sans danger, à ces relations internationales houleuses qui l'amèneront à négliger son fils, Louis, de passage à Paris, et sa maîtresse, Aimée. J'ai trouvé que Nicolas vieillissait et on le sent nostalgique de sa jeunesse et de sa vie présente, qu'il sait fragile. On découvre aussi un Nicolas partagé entre 2 amours, Antoinette, l'amour de jeunesse qu'il admire pour sa mission à Londres, et Aimée, la jeunesse, qu'il sent s'éloigner peu à peu. Les amis de Nicolas sont également davantage absents de ce nouvel épisode, à l'exception de Bourdeau, ami fidèle, qui manque d'y laisser la vie. J'ai apprécié ce Nicolas soucieux, réaliste, conscient d'un ordre présent qui ne peut durer, tant dans sa vie personnelle que, peut être, s'agissant du pays tout entier. L'enquête est pleine de rebondissements mais Nicolas, une fois de plus, remplit son office sans faillir.

Merci à Karine pour ce roman.

Concerto à la mémoire d'un ange, Eric-Emmanuel Schmitt

Ce livre est composé de plusieurs nouvelles qui ont toutes en commun la présence de Sainte Rita et le fait que leur vie change, à un moment ou à un autre. Il y a la tueuse de mari, acquittée, qui se met à tout confesser pour avoir l'attention du nouveau curé ; le père de famille, marin, qui, après l'annonce elliptique de la mort d'une de ses filles, s'aperçoit de l'importance de sa famille ; le président de la République, sa femme et leur relation amoureuse ;  les deux jeunes musiciens qui, suite à un accident, changeront complètement le cours de leur vie...

Ce n'est pas mon recueil préféré de nouvelles de Eric-Emmanuel Schmitt. J'avais préféré La Rêveuse d'Ostende. Mais les histoires racontées par l'auteur sont humaines, parfois drôles ou dérangeantes et ramènent toutes à la nature humaine au plus profond de chacun. La présence de Sainte Rita est un clin d'oeil qui relie chaque nouvelle de ce recueil. J'ai particulièrement aimé l'histoire de la tueuse de mari qui cherche à avoir plus d'attention de la part du jeune curé de la paroisse... Ces nouvelles sont suivies du journal d'écriture de l'auteur qui décrypte les thèmes abordés dans ces textes : la liberté, le libre arbitre, l'altérité... Eric-Emmanuel Schmitt nous amène ainsi à réfléchir sur nous mêmes et nos relations aux autres. J'ai une fois de plus beaucoup aimé ces nouvelles sans qu'elles constituent toutefois mon recueil préféré.

L'effet kiss pas cool, Journal d'une angoissée de la vie, Leslie Plée

L'histoire: La narratrice raconte, en BD, ses angoisses depuis son plus jeune âge : rater ses études, conduire, faire la queue dans la foule, rester dans des dîners d'amis, prendre la grande roue... avec beaucoup d'humour et des références amusantes!

J'avais beaucoup aimé le 1er opus de Leslie Plée qui m'avait fait beaucoup rire (Moi vivant vous n'aurez jamais de pause) et j'avais hâte de la retrouver! J'aime beaucoup son humour, ses références, les situations qu'elle évoque que je trouve super bien décrites. Je trouve cela plus sympa, plus travaillé que d'autres auteurs du même genre. Je me suis complètement retrouvée dans ce bouquin notamment dans la grande roue (il m'est arrivé la même chose), dans les soirées d'amis ou encore quand je conduis ou encore en regardant le magazine de la santé, l'émission qui rend hypocondriaque (j'adore la référence à Michel Cymès). Je me suis bien éclatée avec cet effet Kiss pas cool reçu en cadeau de Noël et aussitôt dévoré. La fin est amusante puisque l'auteur évoque son premier livre édité et son angoisse lors des séances de dédicace.

En tout cas, je vous invite (et je crois que je l'ai déjà fait) à ajouter le blog de Leslie Plée dans votre google reader, il est hilarant!

AAAAHHHH je n'en peux plus d'attendre!

Eh voilà, j'ai appris cette semaine qu'il arrivait bientôt (le 11 janvier) :

Voici le résumé de l'éditeur, histoire de se réjouir à l'avance...

1782. La France et les Insurgents américains sont en passe de l’emporter sur l’Angleterre. Le tsarévitch Paul, sous le nom de comte du Nord, séjourne incognito à Paris, étape de son tour d’Europe. Versailles entend se concilier les faveurs de l’héritier de l’empire russe. Nicolas Le Floch reçoit mission de Sartine et de Vergennes de monter un subterfuge lui permettant de gagner la confiance du fils de Catherine II. Qui assassine au même moment le comte de Rovski, ancien favori de la tsarine, exilé à Paris ?
Au cours d’une enquête minutieuse, et tout en participant aux divers événements de la visite princière, Nicolas Le Floch et l’inspecteur Bourdeau vont avancer pas à pas, de surprise en surprise, dans les milieux parisiens du jeu, de la galanterie, du négoce et de l’espionnage. Y a-t-il un lien entre ce crime et des meurtres à l’ambassade russe ? Qui massacre des filles galantes des boulevards ? Quel jeu pratiquent les entours du prince ? Qui est la mystérieuse princesse de Kesseoren, escroc de haut vol ? Que vient faire dans cet imbroglio un agent du Congrès américain protégé par Benjamin Franklin ? 
Nicolas parviendra-t-il à dénouer les écheveaux mêlés de ces intrigues ? Quelle découverte lui réserve une quête qui mettra une nouvelle fois en cause ses fidélités ? Entouré des siens sous la houlette incertaine d’un Sartine tortueux, le commissaire des Lumières affrontera périls et trahisons…

En cas de bonheur, David Foenkinos

L'histoire: Jean-Jacques et Claire, parents d'une petite fille, forment un couple un peu usé par les années. Jean-Jacques, lassé par la routine de son couple, finit par prendre pour maîtresse sa collègue Sonia. Claire, assistée par Igor le détective privé, va vite comprendre que son mari la trompe et va le quitter lors du repas dominical chez ses parents. Jean-Jacques va s'apercevoir alors qu'il aime toujours sa femme...

David Foenkinos, avec un ton léger et très amusant, dresse le portrait d'un couple qui s'aime mais qui se trouve éloigné par la routine et les années qui passent. Jean Jacques est vite lassé par sa maîtresse, Claire ne trouve pas avec son amant le frisson qu'elle vivait avec Jean Jacques. Toutefois, j'ai trouvé ce roman un peu "fouillis", entre les mésaventures de Claire et Jean Jacques mais également d'Edouard, des parents de Claire, des détectives privés... j'ai trouvé cela un peu décousu et le style de Foenkinos un peu bâclé par moment. Mais j'ai tout de même passé un bon moment car Foenkinos écrit de belles histoires humaines, des histoires d'amour qui finissent bien. et au fond, on a bien besoin de ça tout de même! J'aime sa fantaisie et il me fait penser à Alexandre Jardin, à sa grande époque! C'est un auteur que je continuerai à lire en tout cas avec plaisir voire délectation (j'aime beaucoup son humour).

Merci à Julie, ma swappeuse, de m'avoir offert ce roman dans le cadre du Swap de Noël organisé par Chocolatine.

Le défi, Schram et Harrison I, Sabine du Faÿ

L'histoire: Harrison vit dans un monde régi par les robots et les ordinateurs. Le libre arbitre est aboli, la tendresse, les sentiments, la musique... le mot d'ordre est efficacité. Pourtant,  Harrison pose beaucoup de questions autour de lui et en particulier à son robot, Schram, qui a connu le monde "d'avant". Mais les questions mettent les humains en danger et Harrison doit être prudent s'il souhaite en savoir plus sur le passé de la Terre et en particulier sur sa mère.

Je ne suis pas une habituée de la littérature jeunesse. Après avoir hésité à participer à Masse Critique, je me suis finalement inscrite en me disant que ce serait justement une découverte. Après tout, j'ai aimé l'univers d'Harry Potter et retrouver un univers enfantin plein d'aventures m'a finalement tentée. Et j'ai bien apprécié ce roman qui m'a fait penser à un 1984 pour enfant. La curiosité est un vilain défaut sur la Terre où vit Harrison et il lui faut toute l'aide de Schram pour en savoir plus sur les humains et leur passé, pour décrypter les messages étranges de Robert Wood et pour passer outre les commandements et le contrôle de l'ordinateur central. Harrison est un rêveur, courageux, humain, loin d'être un mouton dans ce monde régi par la technique et l'exigence d'efficacité. Les valeurs qui transparaissent dans ce roman sont l'amitié, la tolérance, la curiosité, le respect du passé, de la beauté, de la nature... et finalement la méfiance de la technique à tout prix. Un bon roman jeunesse dont j'aurais aimé connaître la fin puisqu'il est formé de plusieurs tomes.

Meurtres à la pomme d'or, Michèle Barrière

L'histoire: François, passionné de cuisine, est forcé par son père à suivre des études de médecine à l'université de Montpellier. Il est hébergé, avec son ami Félix, chez Maître Catalan, un apothicaire. La rivalité avec les épiciers et la haine des juifs et des protestants vont conduire Maître Catalan directement en prison, accusé d'avoir empoisonné plusieurs habitants. François et Félix vont devoir enquêter jusqu'en Italie pour trouver la plante et donc l'origine de l'empoisonnement et ainsi sauver Maitre Catalan.

En mai 2010, les éditions du Livre de Poche m'avait proposé de découvrir le dernier roman de Michèle Barrière, Natures mortes au Vatican. J'avais vraiment apprécié ce roman ainsi que le personnage de François. Dès que j'ai eu l'occasion, je me suis jetée sur le 1er tome de cette série culinaire et je n'ai pas été déçue! On y retrouve donc le personnage principal, le jeune François qui tente d'imposer à son père son choix: exercer le métier de cuisiner. Il sent que son avenir est là et s'avère être un très mauvais élève en fac de médecine! On le découvre déjà très épicurien et fasciné par l'Italie, où ses aventures prochaines le mèneront. Comme toujours Michèle Barrière nous décrit avec brio la bonne chère de l'époque tout en entraînant dans une véritable enquête en plein coeur des problématiques de l'époque : émergence du protestantisme, nouveautés arrivées d'Amérique... C'est un excellent roman historique que je vous recommande! un vrai moment de détente!

Le Moulin des Sources, Françoise Bourdon

L'histoire: Noëlie rencontre celui qui deviendra son mari à une fête du village de Vaucluse. Son père accepte sans difficultés ce mariage, la famille Viguier, ayant un moulin servant à la fabrication du papier, ont du bien. Noëlie va vivre la vie d'une jeune femme du 19ème siècle, dans le Sud de la France, et devoir donner naissance à un héritier qui reprendra à son tour l'affaire familiale.

Françoise Bourdon est spécialisée dans les romans qui font revivre les métiers d'autrefois. Si j'avais su ça, je peux vous dire que je n'aurais pas lu ce roman. J'exècre ce côté passéiste, "c'était mieux avant" et le côté France profonde ne m'attire pas. Mais j'ai aimé ce roman! Les personnages sont attachants, les descriptions du Vaucluse sont magnifique et on est vraiment transporté, on voyage dans le temps. On sent que l'auteur s'est documentée et on ne doute pas du réalisme de l'histoire et des descriptions. J'ai seulement trouvé l'histoire un peu naïve (à plusieurs reprises, les personnages tombent amoureux à la première rencontre) et j'ai été un peu frustrée par la structure du roman, par le fait qu'il soit si court. Françoise Bourdon raconte la vie de Noëlie, jusqu'à son décès, et on suit les aventures de la famille Viguier, non pas d'années en années, mais par événements. J'ai été parfois perdue par des sauts de plusieurs années dans le temps et j'aurais aimé passer plus de temps avec les protagonistes. Mais j'ai lu ce roman en 2 ou 3 jours, pressée de connaître la vie de Noëlie, et j'ai vraiment passé un bon moment.

Le chant des âmes, Frédérick Rapilly

L'histoire: Une jeune femme est torturée et assassinée en Bretagne. Marc Torkan, ancien grand reporteur pour le magazine "Paris Flash" est relancé par son ancien rédacteur en chef et beau-père, Patrick, pour enquêter sur ce fait divers à proximité de son domicile. Marc se lance à contre-coeur dans cette enquête, en compagnie de Katie, une jeune photographe américaine que lui impose Patrick. Il va découvrir que ce meurtre est l'oeuvre d'un tueur en série qui évolue dans le milieu de la musique techno.

Je n'aime pas spécialement la musique techno. Certes, je la connais peu mais je n'ai franchement aucune sympathie pour ce milieu là. Mais j'ai quand même vraiment apprécié ce roman, le premier roman de Frédérick Rapilly, DJ et ancien journaliste. J'ai trouvé que l'intrigue était extrêmement bien montée, très efficace, ce qui en fait un roman vraiment haletant. Je n'ai pas pu le lâcher, du début à la fin! J'ai beaucoup aimé le personnage de Marc Torkan, qui a vraiment un potentiel de personnage récurrent (une note à la fin du livre nous annonce que nous pourrons retrouver ce personnage dans le prochain roman de l'auteur) avec Katie (?), une jeune femme secrète avec un caractère bien trempé. L'auteur nous fait voyager dans le milieu de la techno et des rave-parties de façon intelligente et on sent une vraie envie de faire découvrir cette musique. La fin m'a surprise et laisse vraiment une ouverture pour une suite ce qui m'a donné envie d'en savoir plus! Je recommande vivement ce roman à ceux qui aiment les romans policiers et a fortiori qui sont fans de techno!

Merci à Bibliofolie et aux éditions Critic pour cette belle découverte!

Fukushima mon amour, Gérard Raynal

L'histoire: Kaede, une jeune femme vivant à Kamaishi, un petit village du Pacifique voit tout son monde s'écrouler avec le tsunami et la catastrophe de Fukushima. Elle attend son mari Kiyoto, pêcheur qui n'est pas reparu depuis la catastrophe. Elle erre à sa recherche dans les débris de la ville, au milieu d'autres gens qui, comme elle, essaie de retrouver un petit morceau de leur vie envolée.

J'avoue que ce qui m'a attirée le plus dans ce roman, c'est la couverture que j'ai trouvé magnifique. Et puis j'ai été curieuse de ce qu'on pouvait d'ores et déjà écrire sur un événement si dramatique et encore si récent. Les éditions TDO préviennent le lecteur, il s'agit d'un "hommage au peuple japonais". Et finalement c'est bien l'effet que ce roman m'a fait, un hommage, une sorte d'évocation du peuple japonais et de son pays. L'histoire n'est qu'un prétexte ici. J'ai été touchée par la quête de Kaede mais pas complètement émue non plus. Elle est sans doute trop naïve, trop sûre de retrouver son mari, ce qui semble tout de même improbable compte tenu du drame qui se noue. Je dirais presque que le roman est trop court, ne creuse pas assez les personnages. Mais il suscite beaucoup de compassion et de respect chez le lecteur, il évoque en filigrane la culture japonaise et son respect de la nature, de la tradition. Mais finalement, tout est peut être trop en surface, trop doux finalement, trop rêveur, y compris à la fin. J'ai aimé ce roman mais il ne m'a pas bouleversée non plus, comme si cette espèce de douceur, de langueur, de fatalisme que l'on ressent à la lecture n'était pas assez violente pour vraiment secouer le lecteur. Mais c'était ravissant, c'est sans doute le mot qui convient...

Merci à Bibliofolie et aux éditions TDO pour ce roman - dédicacé! -  qui reste une jolie découverte. Ce billet a également été publié sur le site bibliofolie le 6 juillet 2011.

La patience des buffles sous la pluie, David Thomas

Cet ouvrage est un recueil de très nombreuses petites histoires sur le quotidien, les hommes et les femmes, les couples et tout un tas de situations que l'on peut rencontrer, tant joyeuses que dramatiques ou pathétiques.

J'ai été étonnée du titre de ce recueil, sans vraiment savoir ce que j'allais lire. Et j'ai adoré! Je me suis éclatée, je riais toute seule dans le métro. Toutes ces histoires sont tellement vraies et réalistes que tout le monde peut s'y retrouver! J'ai adoré le style, variable selon les narrateurs, fin, incisif... c'est très difficile de commenter cet ouvrage, il faut absolument le lire! J'ai bien aimé "Cheyenne", une histoire dans laquelle un couple cherche un prénom pour leur fille à naître et imagine l'appeler Cheyenne. Mais pour s'appeler Cheyenne, le mari se dit qu'il faut être une bombe, sinon ça fait crétin, une moche qui s'appelle Cheyenne... J'ai bien aimé aussi "Slip" mais encore beaucoup d'autres qui sont tendres, touchantes! Je n'ai pas l'impression de rendre justice à ce recueil alors je conclus en ne disant qu'une chose : LISEZ LE ABSOLUMENT!!!!

La mauvaise rencontre, Philippe Grimbert

L'histoire: C'est l'histoire d'une amitié fusionnelle entre deux petits garçons, Mando et Loup, qui grandissent et que rien, enfin presque, ne sépare. Ils vont commencer à se séparer au début de leur vie d'adulte, séparation qui va finalement prendre un sens tout particulier lorsque Loup va revoir Mando, des mois après leurs derniers contacts.

**ATTENTION SPOILERS**

Philippe Grimbert nous livre à nouveau un récit. Et c'est important, c'est une forme qu'il semble affectionner et qui donne une vraie proximité entre le narrateur -l'auteur- et le lecteur. Loup raconte son histoire d'amitié avec Mando, un garçon qu'il rencontre au bac à sable. Les deux garçons grandissent comme des jumeaux et se séparent peu à peu alors qu'ils prennent des chemins universitaires différents. Loup se dirige vers la psychiatrie et la psychanalyse alors que Mando prend un tout autre chemin. Ce n'est qu'au fur et à mesure du récit de Loup que nous découvrons finalement la vraie nature de cette amitié et un secret qui pèse depuis toujours et qui se met entre les deux garçons. Loup découvre en effet que son meilleur ami est en fait psychotique et que la rupture de leur amitié, liée à leur évolution propre, a tout fait basculer. Loup porte une vraie culpabilité et relit son passé à la lumière de la maladie de son ami mais la peur le forcera à faire un choix. Encore une fois, l'auteur nous livre une histoire dans laquelle un secret a une place capitale, un secret qui tient à quelque chose d'imperceptible qui, pourtant, était déjà là. Il a le courage dans ce roman d'évoquer un thème assez rarement traité qui est celui de la maladie mentale, en parallèle d'une relation d'amitié entre garçons, sans caricature. Ce roman me semble particulièrement vrai, à lire donc...

La délicatesse, David Foenkinos

L'histoire: Nathalie rencontre François par hasard. Très vite, ce couple vit un bonheur sans nuage jusqu'à ce que le décès accidentel de François mette un point final à leur mariage. Nathalie n'est plus elle même et s'investit de plus en plus dans son travail, tout en résistant aux avances de son patron, tombé amoureux d'elle depuis longtemps. Elle va apprendre à connaître Markus, un membre de l'équipe qu'elle dirige, en apparence triste à mourir mais finalement plein de vie, d'humour et de délicatesse...

J'ai adoré ce roman! J'y ai trouvé justement beaucoup de finesse, de délicatesse dans ces portraits dressés précisément par l'auteur. J'ai été très très émue, aux larmes, par ce que vit Nathalie et sa difficulté à vivre jour après jour. Sans doute parce que cela peut arriver à n'importe qui et à tout moment. J'ai beaucoup aimé aussi la façon dont le personnage de Markus s'épanouit au fur et à mesure des pages. Il est gris -Suédois et on a bien compris que l'auteur trouve les Suédois ennuyeux et tristes à mourir- mais prend de l'ampleur au fur et à mesure qu'il prend de l'assurance. Il est fin, doux, drôle. J'ai aimé aussi la construction de ce roman, dont on comprend mieux le pourquoi à la dernière phrase...Il y a, en effet, 117 mini chapitres. L'histoire des personnages est ponctuée par de petites remarques, de petites références à des chansons, des oeuvres, des remarques qui peuvent passer dans l'esprit du lecteur au fur et à mesure du roman. Si ce roman peut émouvoir aux larmes, il peut aussi faire rire et sourire et on se sent bien mieux après... Un peu comme Le petit sauvage, j'ai retrouvé une sorte de fraîcheur malgré les épreuves de la vie! Je relirai sans aucun doute David Foenkinos dont j'aime déjà tout particulièrement les chroniques tendres amères dans Psychologies Magazine.

Trois jours chez ma mère, François Weyergans

L'histoire: Le narrateur est un écrivain qui a du mal à écrire  sur un écrivain qui a du mal à écrire... On suit ses déboires financiers avec le fisc, ses liaisons plus ou moins fantasmées et la différence entre l'auteur et son sujet tend à se fondre peu à peu... En parallèle, l'auteur est pressé par sa mère âgée de venir passer quelques jours chez elle.

Ce roman a eu le prix Goncourt en 2005. Sans remettre en cause la qualité de l'écriture, j'avoue que j'ai trouvé cette lecture très très longue. Je me suis globalement pas mal ennuyée, même si certains passages ont davantage retenu mon attention, et j'ai parfois eu du mal à faire le distingo entre l'auteur et son personnage. Je n'ai pas réussi, au cours de cette lecture, à décider si ce roman était un prétexte à une introspection d'auteur, angoissé par la page blanche et poursuivi par ses créanciers et ses éditeurs, ou à un nombrilisme déplacé. Au niveau du style, oui, c'est bien écrit. Mais bon, j'ai été pas mal déçue de ce roman, notamment de ce titre qui m'attirait beaucoup et qui ne m'a semblé qu'une coquille vide. Je me demande si ce n'est pas le sujet du roman qui a séduit le jury du Goncourt : l'écrivain.

Le dernier crâne du Marquis de Sade, Jacques Chessex

L'histoire: Le Marquis de Sade est enfermé dans un hopisce de Charenton. Il y vit une vie scandaleuse avec la complicité de certains personnages hauts placés. Il meurt en 1814. En 1818, sa tombe est ouverte et son crâne passe entre les mains du jeune médecin qui le veilla jusqu'à la mort.

Je n'ai pas réussi à entrer dans ce roman. A la lecture de la 4ème de couverture, j'ai cru qu'il y avait une sorte d'enquête sur le personnage du Marquis de Sade. Mais je n'ai pas pu aller au delà d'une vingtaine de pages à cause des passages scatologiques. Le personnage est certes scandaleux mais je ne m'attendais pas à de tels passages dans ce roman et j'avoue que j'ai eu suffisamment la nausée pour ne pas avoir envie de continuer. S'agissant du style, je l'ai trouvé excellent mais ce roman m'a fortement mise mal à l'aise et j'ai préféré abandonner.

Odette Toulemonde et autres histoires, Eric-Emmanuel Schmitt

Encore un billet en retard...

Ce livre est composé des nouvelles suivantes :

- Wanda Winnipeg

- C'est un beau jour de pluie

-L'intruse

-Le faux

-Tout pour être heureuse

-La princesse aux pieds nus

-Odette Toulemonde

-Le plus beau livre du monde

J'ai beaucoup aimé ces nouvelles, poétiques, humaines, charmantes... et vraiment très très bien écrites... Ma préférée est sans aucun doute Wanda Winnipeg. C'est l'histoire d'une milliardaire qui ne l'a pourtant pas toujours été. Ses souvenirs lui rappellent sa vie d'avant lors d'un séjour dans le Sud de la France, avec ses amis richissimes. Elle revoit en effet un artiste raté, vieilli qui est en quelque sorte celui qui lui a permis d'être aujourd'hui la femme qu'elle est, pleine de mystère et surtout très très riche et snob! Pourtant Wanda va en profiter pour lui rendre ce qu'il lui a donné, alors qu'elle était toute jeune... Une jolie fable, c'est tout à fait le mot! Et puis l'histoire d'Odette Toulemonde, bien sûr, qui m'a touchée! J'ai, par contre, été étonnée que le film ait précédé la nouvelle... j'ai donc hâte de le voir, d'autant plus que j'aime beaucoup Catherine Frot! Bref, Eric-Emmanuel Schmitt a été une vraie découverte pour moi en ce début d'année... une bouffée d'oxygène!

Un roman français, Frédéric Beigbeder

L'histoire: L'auteur raconte en parallèle son enfance et son arrestation pour consommation de cocaïne. Celle ci lui permet de revenir sur son enfance, ses origines à la fois bourgeoises et nobles, le divorce de ses parents, la relation avec son frère (notamment fondateur de Poweo)...

J'ai vu que sur Amazon, les critiques de ce livre sont assez violentes! Parce que, pour certains, quand on a grandi dans un milieu bourgeois et qu'on est une célébrité, on a le droit de se plaindre de rien! Frédéric Beigbeder ne m'a ni ennuyée ni agacée, et pourtant, je ne le plaindrais pas quand il évoque sa garde à vue pour consommation de cocaïne sur le capot d'une voiture de luxe! Je m'attendais à un roman et surtout à un livre sur deux frères. Ce n'est pas le cas. L'auteur raconte ses souvenirs d'enfance et fait le lien avec sa vie d'aujourd'hui, ses angoisses, ses échecs plutôt que ses réussites. Je l'ai trouvé drôle, souvent, touchant aussi! Et j'ai bien aimé son style. Il y a des passages vraiment jolis sur l'enfance ou sur le fait d'être parent, mais il y a aussi des passages moins intéressants, sans aucun doute. Je relirais sans aucun doute cet auteur, qui me semble bien plus humain désormais, sans m'attirer une trop franche sympathie..

La rêveuse d'Ostende, Eric-Emmanuel Schmitt


Ce livre est un recueil de nouvelles:

La rêveuse d'Ostende : L'auteur, un écrivain, va se remettre d'un chagrin d'amour en louant l'étage d'une vieille demeure à Ostende. Sa logeuse, une rêveuse, va lui révéler son plus grand secret...

Crime parfait : La narratrice, Gabrielle, décide d'éliminer son mari afin de savoir ce qu'il détient dans deux boîtes qu'il cache soigneusement...

La guérison : Une jeune infirmière découvre sa féminité grâce à un patient aveugle suite à un accident.

Les mauvaises lectures : Maurice Plisson, professeur d'histoire géographie en prépa, déteste les romans qu'il juge inutiles. Lors de ses vacances en Ardèche avec sa cousine, il va lui subtiliser un roman policier...

La femme au bouquet : Le narrateur se rend régulièrement à Zurich et, à chaque fois et pendant plusieurs années, il remarque une femme âgée qui attend sur le quai avec un bouquet et s'interroge sur la personne qu'elle attend...

Curieusement, la grande diffusion des livres de cet auteur m'avait fait penser qu'il s'agissait d'une sorte de Marc Lévy normalien... ça ne me tentait pas plus que ça, je trouvais que les titres de ses romans étaient poétiques mais je craignais qu'il ne s'agisse que de bleuettes, sympathiques à lire, mais sans plus! Et bien je me suis bien trompée! Et j'ai bien fait de lire ce recueil de nouvelles qui m'a fait du bien, vraiment! Il m'a comme soignée! Oui, Eric-Emmanuel Schmitt est un vrai écrivain, poète, dramaturge (cela se sent dans les dialogues) qui traite de belles histoires humaines, profondes. Je me suis régalée! Comme quoi, il ne faut pas se laisser aller à des idées préconçues. J'ai beaucoup aimé la Rêveuse d'Ostsende et Crime parfait mais j'ai préféré La guérison. J'ai trouvé cette histoire profonde, touchante, je me suis complètement imaginée à la place de Stéphanie, complexée, sûre qu'on ne peut pas l'aimer... C'était une vraie découverte et un vrai plaisir! Je n'en resterai pas là! ;)

Délivrez nous du mal, Romain Sardou

L'histoire: Hiver 1288, à Cantimpré, dans une paroisse isolée du sud de la France où semble se multiplier les miracles, une troupe d'hommes en noir vient enlever Perrot, un enfant parmi les autres. Le père Aba, curé de la paroisse, quitte le village et décide de retrouver l'enfant. En parallèle, à Rome, Bénédict Gui, connu pour ses capacités intellectuelles qu'il met aux services des pauvres et des riches Romains, se met à enquêter sur Rainero, un jeune homme lié à la Papauté, disparu sans laisser de traces... Ces deux hommes vont, de façon parallèle, mener chacun leur enquête directement liée au Vatican.

Je n'ai vraiment pas été déçue par ce roman! Dans la même ligne que le précédent, Pardonnez nos offenses, sans non plus constituer une suite, ce roman est haletant et nous entraîne dans une enquête approfondie, directement en lien avec la Papauté et la désignation des Saints. Les personnages du père Aba et de Bénédict Gui sont extrêmement sympathiques et attachants, et on remonte, avec eux, le fil de leur enquêtes respectives. Le contexte historique est très bien reconstitué, l'intrigue bien menée, tortueuse et extrêmement cohérente! Je me suis régalée dans les arcanes des intrigues vaticanes! Roman Sardou maîtrise les intrigues intelligentes, haletantes! Si vous ne le connaissez pas, vraiment, c'est un auteur qui gagne à être connu, et pour son prénom!

L'honneur de Sartine, JF Parot

Ce roman est le 9ème tome des enquêtes de Nicolas Le Floch.

L'histoire: Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, est envoyé pour calmer les foules près du cimetière des Innocents, dont les cadavres s'insinuent dans les caves des habitants. A son retour, Le Noir, son supérieur, l'envoie sur le meurtre d'un personnage haut placé dans la Marine, dont le ministre est l'ancien Lieutenant général de police, Gabriel de Sartine. Nicolas, avec l'aide de son fidèle Bourdeau, va rapidement dénouer les liens d'un meurtre bien orchestré, dont les causes sont susceptibles d'être à la fois familiales mais également politiques. Parallèlement, Nicolas voit sa vie changer. A 40 ans, il voit son fils Louis grandir et s'interroge sur son avenir avec Aimée, mais également Antoinette, la mère de Louis. Sa filiation prend également davantage de place et Nicole s'interroge sur l'identité de sa mère.

Ce roman est comme d'habitude chez JF Parot un excellent roman policier historique. Les descriptions de Paris et de la société du XVIIIème siècle sont très soignées et on sent les préoccupations qui émergent à travers les aventures de Nicolas: les questions de salubrité, la spéculation, les problèmes financiers de l'Etat, etc. Nicolas prend de l'âge et s'interroge de plus en plus sur sa vie, son passé mais aussi son avenir. Il semble plus soucieux. Cela ne l'empêche pas de mener son enquête rondement, avec l'aide de Bourdeau, mais également de son ami indien Naganda. Toutefois, malgré ces préoccupations, j'ai trouvé que les amis et la famille de Nicolas était moins présents que dans les romans précédents. J'ai senti que le personnage évoluait réellement psychologiquement et c'est tout à l'honneur de l'auteur de réussir à marier des enquêtes bien ficelées, des descriptions historiques précises et une psychologie des personnages sensible... Un vrai délice ce roman! Mais je l'ai dévoré et il faudra encore attendre au moins 1 an!!!!

A lire avant:
Plus d'infos sur l'auteur ici.

Merci à ma petite Karine de m'avoir envoyé ce roman qui me faisait rêver...

Jéricho, Josef Ladik

L'histoire: Au XIXème siècle, la Méduse, un bateau français  fait naufrage. Seuls 15 passagers réussiront à s'en sortir dont l'un d'entre eux qui sera sauvé par une tribu. Il repartira d'Afrique avec un secret terrible tenant dans une table gravée. Cet homme, de retour en France, gardera ce secret et le fera enterrer sous la gare d'Austerlitz... A l'époque actuelle, un groupe terroriste a pris le contrôle du Terrible, un sous marin nucléaire français. Lazare, un jeune flic passionné d'art va dénouer peu à peu cette intrigue et découvrir que la table gravée est à nouveau à l'origine de cet attentat. Un tueur en série oeuvre également à Paris, et semble avoir un lien avec la prise de contrôle du Terrible.

J'ai bien aimé ce roman à l'intrigue complexe, à la fois historique et contemporaine. L'auteur nous ballade à travers des légendes, à travers les oeuvres d'art aussi. Le personnage de Lazare est en plus très sympathique. J'ai tremblé, sursauté, j'ai eu peur à plusieurs reprises. J'ai trouvé que les écrits du tueur sont particulièrement crédibles. On sent le personnage tourmenté, qui parle seul, qui oeuvre selon un schéma dont lui seul a la clé...Ce roman est réussi sur ce point, on suit l'enquête haletante. Cependant, j'ai été déroutée par les très nombreux personnages que l'on suit finalement très peu comme Odilon, comme la jeune stagiaire à l'Elysée... On s'en approche, on a l'impression d'apprendre à les connaître et finalement, je suis restée sur ma faim les concernant! La fin m'a semblé également un peu rapide, j'ai perdu un peu le fil... Pourquoi le coupable fait il ça? Où est le lien avec la tablette? et le Terrible? J'ai été perturbée sur ce point et je ne sais pas finalement si la fin est finalement rapide ou si c'est moi, en tant que lectrice, qui n'ait pas assez prêté attention à certains détails. Ce roman reste un thriller efficace, agréable. J'ai bien apprécié le style de l'auteur, notamment dans sa façon, très fine, de décrire les pensées et les sentiments des personnages. J'ai sympathisé avec Lazare et j'aimerais bien le retrouver...

Je remercie Chez les Filles de m'avoir offert ce roman.  Je vais également pouvoir rencontrer l'auteur jeudi soir grâce aux Editions First. Qui sera là???


La douleur du fantôme, Canesi & Rahmani

L'histoire: Charlotte, jeune étudiante en médecin, vit seule avec son père. Sa mère a disparu, il y a des années. Accro à l'informatique, Charlotte communique avec Roland, qu'elle ne connaît pas et dont elle est amoureuse. Lors d'un voyage à Biarritz, elle va être témoin de la mort de Pierre Mande, un célèbre avocat. Sa mort lui semble bizarre et Charlotte va enquêter, avec l'aide de Roland sur ce décès. D'autres vont suivre dans l'entourage de Charlotte et la jeune fille va se retrouver au coeur d'une histoire bien morbide...

J'ai bien aimé ce roman que j'ai trouvé original! Les meurtres sont originaux, le personnage de Charlotte et son père sont également assez peu communs. J'ai eu hâte de voir ce qui se passerait, après chaque meurtre, et je me suis tout à fait laissée emporter par ce roman. Ceci dit, je n'ai pas trop aimé ce côté "anti-technologie" et j'ai trouvé la fin un petit peu rapide mais néanmoins surprenante. Les auteurs nous font voyager : Biarritz, Paris, Malte, l'Egypte... on côtoie Hélène, jeune danseuse étoile... Un bon roman qui se dévore rapidement!



Natures Mortes au Vatican, Michèle Barrière

L'histoire: Automne 1570. François, un jeune Français, est le secrétaire de Bartolomeo Scappi, le cuisinier du pape. Malgré son travail sérieux, il écume les fêtes, profite de sa maîtresse la belle Emilia, s'amuse en compagnie des artistes de son temps... Victime d'un odieux chantage, il va devoir se montrer ingénieux pour protéger l'oeuvre de son maître, un énorme livre de cuisine, et sauver sa peau. Il va ainsi libérer le peintre Arcimboldo, enlevé par le même maître chanteur, mais va devoir fuir sa vie romaine futile...

J'avais un excellent a priori en lisant la 4ème de couverture de ce roman. J'ai trouvé également la couverture amusante et j'ai donc commencé ma lecture assez enthousiaste! Je n'ai pas été déçue. Le personnage de François est sympathique, épicurien, et l'auteur nous peint le monde artistique de Rome au XVIème siècle. Elle excelle dans l'art de raconter les repas, comme JF Parot dans les aventures de son Nicolas Le Floch. On en a l'eau à la bouche! Sur ce fond de nourriture, François se retrouver à mener une enquête pour sauver sa vie et la grande oeuvre de Scappi, son "Opera". On suit avec plaisir François qui côtoie de nombreux artistes et sauve le peintre Arcimboldo. Je me suis beaucoup amusée en lisant ce roman enjoué, rythmé et épicurien! Une découverte très sympathique, je lirais sans aucun doute d'autres romans de cet auteur!

Merci aux éditions du Livre de Poche de m'avoir offert ce roman.


Chaque femme est un roman, Alexandre Jardin

L'histoire: L'auteur retrace des rencontres, des moments... tout ce que les femmes lui ont appris au cours de sa vie, de façon les plus farfelues les unes que les autres...Il y a Cécilia la paparazzi lesbienne, sa maman muse farfelue, sa chère Liberté, la femme de sa vie mais encore plein d'autres portraits de femmes diverses et toujours originales!

Ce livre n'est pas un roman. Impossible d'ailleurs de le résumer, il n'y a pas d'intrigue. Alexandre Jardin parle des femmes qui ont marqué sa vie, entre vérité et imagination. On sent bien que certaines histoires sont réelles ou inspirées de situations réelles, d'autres sont fantaisistes, on espère qu'elles ont vraiment existé! On s'amuse, on sourit... mais je ne m'attendais pas à une accumulation d'anecdotes sympathiques. Cela m'a surprise et un peu déçu, moi qui ait lu tous les romans (sauf 2) de cet auteur. C'est cependant un bon moment de lecture, un livre que l'on peut ouvrir quand cela nous chante, pour un petit moment de fantaisie, d'humour, de vie tout simplement...

Les catilinaires, Amélie Nothomb

L'histoire: Un couple de retraités, très amoureux, s'installe à la campagne pour profiter de la vie et de la nature. ils font connaissance de leur voisin, Palamède Bernardin qui prend la fâcheuse habitude de venir s'installer dans leur salon tous les jours, de 4 à 6h, avec une régularité d'horloge. Ce voisin encombrant n'a d'ailleurs pas l'air d'aimer ces visites, il ne semble rien apprécier et a toujours l'air fâché. La rencontre avec ce voisin qui va leur pourrir la vie va toutefois changer leur existence et leur relation...

Un roman qui m'a beaucoup plus et qui m'a rappelé Ionesco. On se demande pourquoi M. Bernardin vient tous les jours squatter ses voisins. Est-ce un emmerdeur? Aime-t-il ses voisins sans toutefois le montrer? Ce voisin dérangeant va ainsi troubler la retraite paisible de ce couple qui, très humain, ne pourra laisser Palamède mourrir sans essayer de le sauver... Bref vraiment une drôle d'histoire qui nous amène à réfléchir sur l'humanité, le don de soin... et les emmerdeurs! ;)

Intrigue à l'anglaise, Adrien Goetz

L'histoire: Pénélope, jeune égyptologue spécialiste des Coptes, est nommée, pour son premier poste en tant que conservateur du patrimoine, au musée de la tapisserie de Bayeux. Elle n'est vraiment pas enchantée de cette nomination elle qui se voit conservateur au Louvre! Mais elle va être rapidement mêlée à une affaire incroyable dont la tapisserie fera l'objet. Solange, l'actuelle conservatrice, fait l'objet d'une tentative d'assassinat et les enjeux liés à la tapisserie vont occuper à plein temps Pénélope et son petit ami, Wandrille.

Un roman léger, drôle, pas toujours très crédible qui a le mérite d'être à la fois un roman "policier", avec une intrigue historique et beaucoup d'humour. C'est ce qui permet à l'auteur d'adopter un ton si léger, ce roman est sans prétention! Un bon moment de détente avec ce roman qui évoque la tapisserie de Bayeux. Rigolo quand on connaît un peu ce coin de Normandie, comme moi!

Merci encore à Karine pour ce symathique roman et à cause de qui je suis dans la m... pour les défis ;)

Aurélien, Louis Aragon



L'histoire : Aurélien est un jeune trentenaire marqué par 8 ans de guerre. Il vit à Paris, dans les années 20, comme un dandy, séduisant les femmes... mais sa vie est finalement vide! Il va rencontrer Bérénice, la cousine de son ami Edmond, et va en tomber amoureux. Sa vie va être complètement chamboulée par cet amour chaste et absolu.


Ce roman de 640 pages a été un vrai plaisir même si cela m'a pris du temps! L'écriture est sublime, fine, drôle, elle colle vraiment à l'époque décrite par l'auteur. Les personnages sont profonds et c'est finalement le portrait d'une génération que nous fait Aragon. Une génération sacrifiée par 2 guerres, qui ne peut finalement pas avoir de vie normale. On est plongé dans la belle époque, les robes, les artistes, le dandysme et on s'y croirait! Et puis Aragon décrit magnifiquement une histoire d'amour avec des mots touchants, vrais... J'avoue que les mots me manquent pour vous dire à quel point ce roman m'a accompagnée et m'a ravie! J'ai connu ce roman via le film avec Romane Bohringer et j'en avais gardé un souvenir agréable qui m'avait envie de lire le roman. Un trésor lu dans le cadre du Blog O Trésor.

L'heure des elfes, JL Fetjaine

Ce roman est le 3ème tome de la Trilogie des elfes.

L'histoire: Après avoir vaincu la tyrannie de Gorlois, Uter devient roi, épouse Ygraine et décide de restaurer l'ordre ancien. LLiane, quant à elle, s'est réfugiée sur Avalone avec sa fille Rihannon. Mais rapidement, les hommes vont vouloir imposer leur puissance et leur nouvelle religion et la guerre va éclater entre les peuples, favorisant ainsi les monstres et le pouvoir de Celui-qui-ne-doit-pas-être-nommé. C'est alors la fin d'un monde qui s'annonce et une poignée d'elfes, d'humains, de nains et de barbare va tenter de sauver ce qui tient encore debout...

ça y est! j'ai enfin terminé cette trilogie de 920 pages environ! J'ai lu ce troisième tome avec un véritable plaisir, frémissant à chaque bataille, craignant tant pour la vie des elfes que pour celles des humains... J'ai vraiment apprécié l'influence croissante des légendes arthuriennes. Je n'y connais rien, rien ne m'a donc choqué. J'ai aimé finalement cette façon dont s'achève le roman, laissant l'histoire ouverte à des personnages que nous connaissons...

J'ai vraiment adoré cette trilogie! C'était la 1ère fois que je lisais de la Fantasy et j'ai eu peur de ne pas aimer au début. Pas facile de comprendre les arcanes des différents peuples et de leur culture! mais passés quelques chapitres, je suis vraiment "rentrée" dans ce roman, tout en ne lisant pas les 3 tomes à la suite afin de préserver le plaisir...

Stupeur et tremblements, Amélie Nothomb

L'histoire : Amélie, 22 ans, fait ses débuts au sein de l'entreprise japonais Yumimoto. Embauchée pour sa connaissance approfondie du Japonais, Amélie va devoir faire l'apprentissage de la culture nippone du travail : photocopies, dame pipi, nuits au bureau, stress et engueulades à gogo! Réagissant toujours comme une Occidentale, elle va provoquer les foudres de sa hiérarchie mais ira au bout de son contrat, agissant cette fois comme une véritable Nippone, avec stupeur et tremblements!

Amélie Nothomb, à travers ses romans, nous transmet son amour du Japon... Cependant, elle est loin d'être tendre pour cette civilisation qu'elle connaît parfaitement! Elle dénonce ainsi la condition de la femme japonaise qui a le courage de ne pas se suicider, la tyrannie de la hiérarchie de Yumimoto...C'est un véritable plaisir que d'expérimenter la culture nippone de l'entreprise à travers les aventures d'Amélie-san, qui résiste et savoure presque d'être traitée comme une autochtone. L'humour d'Amélie Nothomb est croustillant, les remarques pointues, drôles... on ne s'ennuie pas un instant et on dévore avec bonheur ce roman.

Si vous avez aimé, lisez Ni d'Eve, ni d'Adam, roman dans lequel Amélie raconte, sur le même ton, sa liaison avec un jeune Tokyoïte bien romantique...

Au nom du fils, Hervé Bazin

L'histoire : Veuf, Daniel élève seul ses 3 enfants avec l'assistance de sa belle-soeur, Laure, et de Mamette, sa belle-mère. Il rencontre des difficultés particulières avec Bruno, le petit dernier, qu'il soupçonne de ne pas être son fils biologique. Il va alors faire tout son possible pour ne pas agir différemment avec cet enfant, jusqu'à l'aimer vraiment plus que les autres et à le couver tel une mère poule.

Hervé Bazin s'intéresse à nouveau à la famille, son thème de prédilection. C'est avec beaucoup de douceur, d'empathie qu'il nous dépeint les difficultés d'un père qui élève seul ses trois enfants. On est face à ses doutes, ses difficultés, sa crainte de "faire des différences"... Puis plus tard, son angoisse de perdre Bruno, le petit dernier, qui n'est pas son fils et pourtant, avec lequel il aura le plus de points communs. Hervé Bazin nous dresse ici un roman vrai, réaliste et dépeint à merveille la difficulté d'être parent, d'avoir une vie privée tout en élevant des enfants, d'éduquer des adolescents avec des principes tout en les laissant libres dans le contexte des années 60. J'apprécie tout particulièrement cette sensibilité chez Hervé Bazin, cette réalité dans les sentiments des personnages. Un joli roman, surtout, une très belle histoire d'amour entre un père et son fils.

Je m'en vais, J. Echenoz

L'histoire: Ferrer quitte un jour sa femme et mène une vie de célibataire, amoureux des femmes et de l'art. Il dirige une galerie d'art contemporain et, déraisonnable, ne suit pas les recommandations de son cardiologue. Il est amené, par un de ses collaborateurs, à s'intéresser à une épave échouée au pôle Nord, qui a conservé des exemplaires d'antiquités inuits. Mais Ferrer n'est pas le seul à s'y intéresser...

J'avoue que je m'attendais à un roman d'introspection alors qu'il y a plein d'actions! J'étais complètement influencée par le titre qui me rappelle une de mes chansons préférées: "Je m'en vais" de Miossec. J'avoue que j'ai apprécié cette lecture, sans pour autant être fan. J'ai adoré par contre le style qui est excellent et qui rappelle que ce roman a obtenu le prix Goncourt. Mais ce n'est pas un roman hyper intellectuel non plus... Un joli moment, une vraie découverte d'un auteur que je ne connaissais que de nom. Bref je vous le recommande très fortement!

Ce roman a obtenu le Prix Goncourt 1999.

La nuit des elfes, JL Fetjaine

 Ce roman est le deuxième tome de la Trilogie des elfes.


L'histoire: Lliane, la reine des elfes, a eu une fille du chevalier Uter et se retrouve seule, abandonnée par son peuple. A Loth, le roi Pellehun et son entourage ont organisé un complot afin de prendre le pouvoir sur les autres peuples. Après un combat sanglant contre les nains et la mort du roi, Gorlois, un de ses proches prend le pouvoir et épouse la reine Ygraine. De son côté, Uter tente de rallier les elfes et les nains afin de s'opposer à cette prise de pouvoir et à l'extermination programmée de leurs peuples. Lliane le guidera, Merlin fera le lien entre le monde des hommes et le monde elfique, jusqu'à la victoire du preux chevalier, "l'aimé des deux reines"...

J'ai vraiment apprécié ce deuxième tome de la Trilogie. On connaît désormais l'histoire et toute la complexité du monde décrit par l'auteur ce qui fait que cette lecture est beaucoup moins fastidieuse que le 1er tome (pour le début du moins). On ne s'ennuie pas une seconde, les combats sont enchaînés, on suit les personnages que l'on a appris à connaître auparavant... J'ai apprécié les nombreuses références au mythe arthurien. La "fusion" entre Lliane et Uter m'a semblée un peu curieuse mais bon, cela passe... Et on sent à la fin qu'Uter est bien loin de réaliser la paix entre les peuples, comme on l'avait espérer tout au long du roman. Une très belle découverte, cette trilogie. Reste encore le 3ème tome...

A lire avant:
- Tome 1 : Le crépuscule des elfes

Cadavre d'Etat, Claude Marker

L'histoire: Un conseiller du Premier ministre est retrouvé mort sur le parking miteux d'une grande surface de banlieue. Coralie Le Gall, commissaire de police, est saisie de cette affaire. Rebelle, issue de la haute bourgeoisie, au parler cru, Coralie ne compte pas lâcher l'affaire malgré les obstacles politiques qui s'y oppose et va découvrir une manipulation financière de grande ampleur au sein du gouvernement en place.

Ce roman ne m'a pas particulièrement emballée. J'ai avancé difficilement, peu convaincue par le personnage principal notamment. Mais j'ai poursuivi car l'enquête tenait la route et j'ai eu envie de donner une autre chance à ce roman. Je n'aime pas abandonner mes lectures.

Alors, cette Coralie Le Gall ne me plaît pas du tout pour plusieurs raisons... Tout d'abord, l'auteur prétend nous faire découvrir les arcanes de la vie politique française, ayant soit disant "une parfaite connaissance des milieux politiques, des médias et de la haute fonction d'Etat". Mais je crois qu'il connaît assez mal la police. Ce personne ne me semble pas crédible déjà par la façon de pratiquer son métier: un commissaire de police à Paris n'est pas un cowboy! Ensuite, elle s'avère assez bête, assez butée, quand on connaît la difficulté et le recrutement pour ce métier... et l'engagement, le sens du service public de ces fonctionnaires... Le manque de professionnalisme de cette Coralie m'a gonflé.

Ce qui m'a déplu, c'est également le fait qu'elle ait un langage cru, argotique tout en venant d'un milieu ultra bourgeois. Absurde. Et puis, une fonctionnaire de police, toute commissaire soit-elle, n'a pas les moyens d'avoir un sac Hermès, une robe haute couture, etc. On tombe vite dans la caricature de la femme de tête, les crocs aiguisés dès qu'on l'ennuie mais sexy et charmante, portes jarretelles et rouge à lèvres rouge ... Bref, je ne suis pas convaincue du tout!

Sa souffrance aussi : elle a perdu un enfant dans des circonstances dramatiques, ce qui pose les bases de son caractère difficile et de son langage ordurieux. Mais je n'ai pas cru à cette souffrance, je n'ai pas accroché du tout!

Ensuite, je n'ai pas aimé le style. non pas que celui ci soit trop argotique ou familier, passe encore, mais les effets de style inutiles m'ont agacée: écrire "dîleur", "interviou"... pourquoi faire?

Bref, ce livre est une lecture divertissante mais sans plus. L'ambiance "tous pourris" ne m'a pas séduite, l'écriture faussement rebelle, des personnages totalement caricaturaux. On n'y croit pas une seconde. Et moi, j'ai besoin que les romans policiers soient crédibles pour m'y accrocher et les dévorer. Je ne lirais sûrement pas la suite des aventures de Coralie Le Gall. mais ce n'est que mon avis...

Pour d'autres avis, EstelleC a bien aimé ce roman...

Un secret, Philippe Grimbert

L’histoire : Enfant, le narrateur s’invente un frère imaginaire, beau, fort... Il souffre de décevoir ses deux parents, athlètes, alors qu’il est frêle et maladif et grandit dans une famille où la communication s’avère difficile. Un non dit existe sans que l’enfant puisse y mettre des mots. Un jour, il trouve dans de vieux cartons un petit chien en peluche que sa mère l’oblige à laisser au grenier. Adolescent, la voisine et amie de la famille, Louise, lui dévoile alors le terrible secret qui pèse sur toute sa famille et qu’il est le seul à ignorer.

J’ai vu le film de Claude Miller avant de lire cet ouvrage. Et je n’ai pas été déçue. Le film est fidèle au livre et en restitue tout à fait l’ambiance. Le film m’avait bouleversée pendant des semaines et, bien que je connaisse déjà l’histoire du narrateur, j’ai vraiment apprécié le style de l’auteur, sa pudeur et sa poésie. Son histoire (le roman est largement autobiographique) est tragique et peut en choquer certains mais on découvre des personnages profondément humains, douloureux qui tentent d’arracher à la vie le moindre petit bonheur. L’écriture est sensible, douce, sans jugement. C’est vraiment un petit bijou et je ne résiste pas, sans rien vous dévoiler du fameux « secret », à vous faire découvrir un extrait qui m’a vraiment touchée :

"Fils unique, j'ai longtemps eu un frère. Il fallait me croire sur parole quand je servais cette fable à mes relations de vacances, à mes amis de passage. J'avais un frère. Plus beau, plus fort. Un frère aîné, glorieux, invisible. J'étais toujours envieux, en visite chez un camarade, quand s'ouvrait la porte sur un autre qui lui ressemblait quelque peu. Des cheveux en bataille, un sourire en coin qu'on me présentait en deux mots: «Mon frère.» Une énigme, cet intrus avec lequel il fallait tout partager, y compris l'amour. Un vrai frère. Un semblable dans le visage duquel on se découvrait pour trait commun une mèche rebelle ou une dent de loup, un compagnon de chambrée dont on savait le plus intime, les humeurs, les goûts, les faiblesses, les odeurs. Une étrangeté pour moi qui régnais seul sur l'empire des quatre pièces de l'appartement familial."

Disparition d'un monument de la culture française

Maurice Druon, né en 1918, est décédé hier à l’âge de 90 ans. Cet homme a eu une histoire étonnante.

Il est le fils de Lazare Kessel, lauréat du 1er prix du conservatoire et membre de la Comédie Française, qui se suicide avant de le reconnaître. Il est issu d’une famille d’hommes de lettre : il est le neveu de Joseph Kessel (Le Lion), l’arrière petit fils d’Antoine-Hippolyte Cros, homme de lettres et roi d’Araucanie et de Patagonie, arrière-petit-neveu du poète Charles Cros…

Sa mère l’élève seule et se marie avec René Druon de Reyniac qui reconnaît l’enfant et lui transmet un certain « amour de la France ».

Maurice Druon profite d’une enfance tranquille en Normandie et s’avère être un élève brillant. Une fois son bac obtenu, il rentre à la fac de lettres de Paris et à l’Ecole libre des sciences politiques.

Mobilisé en 1940 alors qu’il est élève officier à l’Ecole de cavalerie de Saumur, il participe à la Campagne de France. Puis, démobilisé, il rejoint la résistance et, avec Joseph Kessel, il rejoint les Forces Françaises Libres à Londres en 1942. Il écrit le "Chant des Partisans" avec son oncle en 1943.

Après la guerre, il se consacre entièrement à sa carrière littéraire déjà entamée au théâtre. Il reçoit le prix Goncourt en 1948 pour son roman Les Grandes Familles. Maurice Druon est devenu célèbre grâce à la saga historique Les Rois Maudits (1955-1960), adaptée 2 fois à la télévision en 1973 et 2005.

Il s’essaie à des genres très divers comme le théâtre (Le coup de grâce, 1953), le conte pour enfants (Tistou les pouces verts, 1957), le roman mythologique (Les mémoires de Zeus, 1963-67)… Maurice Druon obtiendra de nombreux prix pour l’ensemble de sa carrière et notamment le prix Pierre de Monaco dès 1966, alors qu’il est élu à l’Académie française.

En 1973, il est nommé Ministre de la culture sous le cabinet Mesmer. Mais, relativement conservateur, il ne sera pas reconduit dans ce poste. A l’Académie, il fera encore preuve de conservatisme, refusant l’élection des femmes sans pouvoir empêcher celle de Marguerite Yourcenar en 1980 ou encore celle de Valéry Giscard d’Estaing à qui il ne pardonnera pas certaines de ses positions politiques.

De 1985 à 1999, il occupe le poste de Secrétaire perpétuel de l’Académie française.

En 2006, le manuscrit original du "Chant des Partisans" est déclaré monument historique par le Ministère de la culture.


C'est donc un ponte de la culture française qui vient de disparaître. Si vous ne le connaissez pas encore, c'est le moment de vous plonger dans son oeuvre et notamment Les Rois Maudits qui est un véritable bijou parmi les romans historiques.


Le Chant des Partisans
 

(M. Druon et J. Kessel / A. Marly)

Ami entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines.
Ami entends-tu
Les cris sourds du pays
Qu'on enchaîne,
Ohé partisans
Ouvriers et paysans
C'est l'alarme!
Ce soir l'ennemi
Connaîtra le prix du sang
Et des larmes…

Montez de la mine,
Descendez des collines,
Camarades.
Sortez de la paille
Les fusils, la mitraille,
Les grenades.
Ohé! les tueurs
A la balle et au couteau
Tuez vite!
Ohé! saboteurs
Attention à ton fardeau…
Dynamite…

C'est nous qui brisons
Les barreaux des prisons
Pour nos frères.
La haine à nos trousses
Et la faim qui nous pousse,
La misère.
Il y a des pays
Où les gens au creux des lits
Font des rêves.
Ici, nous vois-tu
Nous on marche et nous on tue
Nous on crève…

Ici, chacun sait
Ce qu'il veut, ce qu'il fait
Quand il passe
Ami, si tu tombes,
Un ami sort de l'ombre
A ta place.
Demain du sang noir
Séchera au grand soleil
Sur les routes.
Chantez compagnons,
Dans la nuit, la liberté
Nous écoute…

Ami, entends-tu
Les cris sourds du pays qu'on
Enchaîne!…
Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux sur nos Plaines !…

Le crépuscule des elfes, JL Fetjaine

Ce roman est le 1er tome de la Trilogie des elfes.


L'histoire: Bien avant les légendes du Roi Arthur, le monde était peuplé de nains, d'elfes, de trolls, d'hommes et de biens d'autres créatures étranges qui vivaient en paix. Mais l'elfe Gael est soupçonné d'avoir tué un roi nain et d'avoir volé un trésor capital. Afin d'enquêter et de retrouver l'elfe, le Grand Conseil décide d'envoyer une équipe à sa recherche, composée de représentants de chaque peuple. Cette quête va mener nos héros à travers les différents royaumes et leur faire affronter des épreuves terribles. Mais, à leur retour, le monde est en guerre et rien ne semble pouvoir arrêter la folie guerrière des différents peuples.


Ce roman est le 1er roman de Fantasy que je lis. J'avais apprécié l'ambiance magique et fantastique d'Harry Potter, adoré L'enchanteur de Barjavel et je me suis dis que ce roman était pour moi! La lecture du 1er tome m'a vraiment plu même si, au début, ce n'était pas facile de "rentrer dedans". Beaucoup de personnages, des légendes et des explications à mettre en place... Mais j'ai trouvé cela amusant: des nains, des monstres, des elfes, des hommes... tout cela mêlé aux légendes arthuriennes! L'intrigue est haletante, les personnages attachants et étonnants! Une réussite totale, j'espère que les 2 tomes suivants seront à la hauteur!!!


La Trilogie des elfes a également été publiée également sous sa forme intégrale.
 


Exercices de style, Raymond Queneau



L'histoire: Le narrateur est assis dans un bus de la ligne S qui s'avère bondée. Il remarque un étrange jeune homme dont le cou est très long, coiffé d'un chapeau présentant un galon tressé plutôt qu'un ruban. Ce jeune homme s'énerve contre un autre passager l'accusant de lui marcher sciemment sur les pieds à chaque arrêt, puis, dès qu'une place se libère, il court s'assoir dans le fond du bus. Plus tard, le narrateur recroise l'étrange jeune homme devant la Gare St Lazare: celui ci discute avec un ami qui lui suggère de coudre un bouton supplémentaire à son manteau.

Le simple fait pour moi de vous résumer cet ouvrage me fait jouer le jeu de Raymon Queneau! En effet, ce livre inclassable raconte la même histoire 99 fois de 99 manières différentes. A la façon de Cyrano dans la tirade du nez, Raymond Queneau varie les styles:"Médical", "Injurieux", "Exclamations", "Javanais", "Récit", "Analyse logique". Cela se lit vraiment vite d'autant que les textes sont très courts et certains illisibles comme le Javanais.
J'ai été totalement décontenancée par ce livre. Je connaissais le principe mais je ne pensais pas que l'histoire soit si courte et si inintéressante. La répétition est fastidieuse à la lecture, il faut s'attendre à un ouvrage que l'on lit comme de la poésie. Et c'en est! Cependant, on sourit car l'histoire est racontée de façons parfois drôles, on s'étonne de l'inventivité de l'auteur et de la difficulté de l'exercice. Cependant, à mon avis, cela reste surtout un ouvrage intéressant à étudier plutôt qu'une véritable lecture en tant que telle. Un petit vent de fraîcheur, une lecture rapide et surprenante... mais c'était plus pour combler mon inculture que pour passer un moment de lecture mémorable.

Le noyé du Grand Canal, JF Parot

Le noyé du Grand Canal est le 8ème tome de la série des enquêtes de Nicolas Le Floch.

Merci à Karine de m'avoir permis de le découvrir en avant-première!


L'histoire: Nicolas Le Floch, commissaire de police au Châtelet, est chargé d'accompagner le duc de Chartres sur un navire, lors d'un combat contre les Anglais, afin de le surveiller et d'évaluer sa valeur. A son retour, Nicolas est entretenu d'une affaire de la plus haute importance. La reine Marie-Antoinette a perdu un bijou en diamant, offert par le roi, consistuant une clé pour accéder à ses appartements. Les rumeurs fusent de toutes parts sur la jeune reine alors qu'elle est enceinte pour la première fois. Nicolas va devoir démêler cette histoire, à laquelle va se mêler des espions anglais lié aux frères du roi, des libelles insultant et livres inconvenants fournis à la reine par sa lingère, épouse d'un inspecteur de police. A nouveau, notre commissaire aux affaires extraordinaires va résoudre ces affaires complexes tout en risquant sa vie et celles de ses proches.


Ce dernier roman de JF Parot est vraiment excellent! Si vous avez aimé les tomes précédents, vous adorerez celui ci! On retrouve avec plaisir Nicolas, Semacgus, Bourdeau, Noblecourt, tous ces personnages pittoresques, proches de Nicolas. Celui ci fait à nouveau preuve de courage, d'intelligence et d'une fidélité au roi qui ne cesse de m'inquiéter au fur et à mesure que les grondements de la Révolution approchent... JF Parot restitue parfaitement cette agitation à travers le personnage de Bourdeau, grand lecteur des philosophes, et des attaques dont fait l'objet la famille royale. Pas d'essoufflement, pas de lassitude! Toujours une excellente qualité pour cette série des enquêtes de Nicolas Le Floch...

A lire avant:
Plus d'infos sur l'auteur ici.


Les mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar



L'histoire : Alors qu'il est mourant, l'empereur romain Hadrien (117-138) décide d'écrire une lettre à son successeur, Marc-Aurèle. Très vite, ses souvenirs vont l'entraîner jusqu'à ce qu'il raconte sa vie entière, de façon très structurée. Une vie d'esthète passionné de la Grèce antique, une vie d'amour pour Antineu, une vie de stratège jusqu'au plus haut stade du pouvoir.


Il s'agit d'un des romans les plus époustouflants que j'ai lu depuis longtemps! En effet, Marguerite Yourcenar imagine (à partir d'une étude approfondie de la vie d'Hadrien) ce qu'auraient pu être les souvenirs de l'empereur. C'est extrêmement impressionnant car tout de suite on est plongé dans la vie incroyable du protagoniste, on voyage avec lui et on suit l'évolution de l'empire. L'auteur nous présente Hadrien comme un personnage attachant, esthète, cultivé, humain. Elle façonne véritablement ce qu'auraient pu être ses passions, ses envies, ses souvenirs et on en oublie complètement que tout cela n'est issu que de son imagination finalement. C'est avec ce roman que Marguerite Yourcenar acquit une renommée internationale : ce n'est pas seulement un roman historique, c'est également un ouvrage qui se prolonge vers la philosophie et la poésie. En effet, il laisse une impression diffuse de la vie d'Hadrien, telle un poème épique mais aussi une très belle histoire d'amour pour une jeune éphèbe.

L'enchanteur, René Barjavel

L'histoire: René Barjavel revisite, à sa façon, le mythe de la Table ronde, de Merlin l'Enchanteur en particulier. On y retrouve les Guenièvre, Lancelot, Perceval... et bien sûr la quête du Graal mais dans le style tout à fait enchanteur de Barjavel.


Barjavel a une façon unique de retracer l'amour entre les êtres, les aventures chevaleresques avec quelques anachronismes bien placés! C'est sans doute le roman que je préfère de cet auteur qui a toujours une grande poésie et une grande délicatesse dans la narration. L'histoire de ce roman part d'un mythe bien connu et je préfère donc vous livrer un extrait du premier chapitre pour que vous saisissiez le caractère unique de ce roman que j'ai lu il y a longtemps (et que je vais sans doute relire bientôt)! Bref, ce roman laisse à tous les lecteurs une impression féérique, une évasion, un lien entre modernité et mythe...



Il y a plus de mille ans vivait en Bretagne, un enchanteur qui se nommait Merlin. Il était jeune et beau, il avait l'oeil vif, malicieux, un sourire un peu moqueur, des mains fines, la grâce d'un danseur, la nonchalance d'un chat, la vivacité d'une hirondelle. Le temps passait sur lui sans le toucher. Il avait la jeunesse éternelle des forêts. Ils possédaient les pouvoirs et ne les utilisait que pour le bien, ou ce qu'il croyait être le bien mais parfois il commettait une erreur, car s'il n'était pas un humain ordinaire, il était humain cependant. Pour les hommes il était l'ami, celui qui réconforte, qui partage la joie et la peine et donne son aide sans mesurer. Et qui ne trompe jamais. Pour les femmes, il était le rêve. Celles qui aiment les cheveux blonds le rencontraient coiffé d'or et de soleil, et celles qui préfèrent les bruns le voyaient avec des cheveux de nuit ou de crépuscule. Elles n'étaient pas amoureuses de lui ce n'était pas possible, il était trop beau, inaccessible, il était comme un ange. Seule Viviane l'aima pour son bonheur , pour son malheur peut-être pour leur malheur ou leur bonheur à tous les deux, nous ne pouvons pas savoir, nous ne sommes pas des enchanteurs. Pour tous il était l'irremplaçable, celui qu'on voudrait ne jamais voir s'en aller mais qui doit partir un jour. Quand il quitta le monde des hommes, il laissa un regret qui n'a jamais guéri. Nous ne savons plus qui est celui qui nous manque et que nous attendons sans cesse mais nous savons bien qu'il y a une place vide dans notre coeur.


Un roman qui m'a beaucoup marquée et qui, visiblement, a énormément marqué d'autres lecteurs assidus ou non de Barjavel! Je vous le recommande si vous aimez le merveilleux mais aussi les mythes et que vous n'êtes pas trop rigides quant à l'interprétation et à la narration du mythe de la Table Ronde. Vraiment un fabuleux moment de lecture...

Le matrimoine, Hervé Bazin

Hervé Bazin est un auteur que j'ai re-fréquenté récemment et j'ai vraiment apprécié!


L'histoire : Abel, jeune avocat, épouse Mariette et découvre la réalité du mariage du début des années 1960, bien loin de ce qu'il s'était imaginé. La famille de Mariette, envahissante ;  la maternité de Mariette qui l'accapare toute entière et la façon dont elle élève leurs enfants ; les problèmes financiers et un travail stressant... Bref, Mariette devient plus mère qu'épouse et finalement impose son éducation à leur progéniture. C'est ainsi qu'évolue notre époque, comme le décrit Bazin, on passe du patrimoine au "matrimoine"...


C'est un roman méconnu qui m'a beaucoup amusée. Tout d'abord parce qu'il s'agit en quelque sorte d'une chronique de moeurs des années 1960. Hervé Bazin y dépeint le couple d'Abel et Mariette, de la découverte de l'autre à la lassitude, en passant par les maternités subies, les ennuis d'argent et le caractère envahissant de la tribu de Mariette... J'ai aussi beaucoup aimé la douceur et l'humour avec lesquels l'auteur nous dépeint des épisodes de vie que peuvent connaître tous les couples, les quiproquos et incompréhensions, les désaccords... Tout cela est retracé avec humour, particulièrement la vie sexuelle du couple qui devient profondément ennuyeuse alors qu'elle était prolixe à leurs débuts! Et Hervé Bazin s'y connaissait en mariages! Mariette est peinte avec douceur même si certains passages montrent comment une femme peut vivre plus comme une mère qu'une épouse et rendre ainsi compliquées les relations de couple! Mais Abel n'est pas exempt de critiques, il est assez faible, transparent et se laisse vampirisé par sa belle famille... 


C'est un roman, écrit en 1966, qui reste tout de même d'actualité! Il traduit la difficulté que les jeunes peuvent avoir à vivre en couple, à s'apprivoiser tout en s'affranchissant des clichés de leur époque. Hervé Bazin évoque aussi l'usure du couple face au quotidien et j'ai trouvé qu'il remettait bien les choses à leur place! Un très bon roman, drôle, tendre, comme le sont toujours les romans d'Hervé Bazin. Je dois dire que c'est le titre qui m'a d'abord attirée, cet auteur avait un don pour les titres de romans... Il y a toujours du mystère et de l'originalité! mais tout prend son sens par la suite...


Le cadavre anglais, JF Parot : Une superbe enquête!

Le cadavre anglais est le septième tome de la série des enquêtes de Nicolas Le Floch, crée par Jean-François Parot.


L'histoire : Nicolas Le Floch est amené à enquêter sur la mort d'un prisonnier mystérieux qui s'enfuyait de la prison du Fort L'Evêque. Or, il découvre peu à peu que ce prisonnier inconnu touche de près à la sécurité de l'Etat et doit donc enquêter malgré les bâtons dans les roues que lui met sans arrêt Monsieur de Sartine, désormais ministre de la Marine. Nicolas fait son enquête, incorruptible et impossible à influencer malgré les difficultés qui s'opposent à lui.

Nicolas Le Floch reprend du service, toujours égal à lui même. Sa relation avec Aimée d'Arranet tend à perdre la passion des débuts, la visite d'Antoinette le trouble lourdement... Mais surtout la rupture avec Monsieur de Sartine provoque chez lui une grande tristesse et des pensées pour sa mère, qu'il n'a jamais connue. On retrouve avec plaisir toute l'équipe: Sanson, Semacgus, Noblecourt, Bourdeau... et l'on côtoie de près le Roi et Marie-Antoinette! C'est un excellent tome des enquêtes de Nicolas Le Floch, l'enquête tourne bien, Nicolas s'avère plus sentimental que l'on ne l'aurait crû! Et les descriptions de recettes nous mettent toujours l'eau à la bouche...
A lire aussi (mais surtout avant!) :

Pour sourire : le dictionnaire des idées reçues de Flaubert

Le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert a été publié en 1913, à titre posthume. Il s'agit d'un ouvrage qui prête souvent à sourire et qui peut se lire, de temps en temps, lettre par lettre... L'oeuvre de Flaubert étant tombée dans le domaine public, vous pourrez la trouver en ligne comme ici ou ici.

Pour vous faire partager l'humour de Flaubert, voici la lettre A :

"ABÉLARD. Inutile d’avoir la moindre idée de sa philosophie, ni même de connaître le titre de ses ouvrages. – Faire une allusion discrète à la mutilation opérée sur lui par Fulbert. – Tombeau d’Éloïse et d’Abélard ; si l’on vous prouve qu’il est faux, s’écrier. « Vous m’ôtez mes illusions. »
ABRICOTS. Nous n’en aurons pas encore cette année.
[ABSALON. S’il eût porté perruque, Joab n’aurait pu le tuer. Nom facétieux à donner à un ami chauve.]
ABSINTHE. Poison extra-violent [: un verre et vous êtes mort. Les journalistes en boivent pendant qu’ils écrivent leurs articles.] – A tué plus de soldats que les Bédouins.
ACADÉMIE FRANÇAISE. La dénigrer, mais tâcher d’en faire partie si on peut.
[ACCIDENT. Toujours « déplorable » ou « fâcheux » ; comme si on devait jamais trouver un malheur une chose réjouissante.]
[ACCOUCHEMENT. Mot à éviter ; le remplacer par événement. « Pour quelle époque attendez-vous l’événement ? »]
[ACHILLE. Ajouter « aux pieds légers » ; cela donne à croire qu’on a lu Homère.]
ACTRICES. La perte des fils de famille. – Sont d’une lubricité effrayante, se livrent à des orgies, avalent des millions (finissent à l’hôpital). – Pardon ! il y en a qui sont bonnes mères de famille !
[ADIEUX. Mettre des larmes dans sa voix en parlant des Adieux de Fontainebleau.]
[ADOLESCENT. Ne jamais commencer un discours de distribution des prix autrement que par « Jeunes adolescents », ce qui est un pléonasme.]
AFFAIRES (LES). Passent avant tout. – Une femme doit éviter de parler des siennes. Sont dans la vie ce qu’il y a de plus important. – Tout est là.
[AGENT. Terme lubrique.]
AGRICULTURE. [Une des mamelles de l’État (l’État est du genre masculin, mais ça ne fait rien). On devrait l’encourager.] Manque de bras.
[AIL. Tue les vers intestinaux et dispose aux combats de l’amour. On en frotta les lèvres de Henri IV au moment où il vint au monde.]
AIRAIN. Métal de l’antiquité. [les injures s’écrivent dessous.]
AIR. Toujours se méfier des courants d’air. – Invariablement le fond de l’air est en contradiction avec la température : si elle est chaude, il est froid, et l’inverse.
ALBÂTRE. Sert à décrire les plus belles parties du corps de la femme.
[ALBION. Toujours précédé de blanche, perfide, positive. Il s’en est fallu de bien peu que Napoléon en fît la conquête. En faire l’éloge : la libre Angleterre.]
[ALCIBIADE. Célèbre par la queue de son chien. Type de débauché. Fréquentait Aspasie.]
ALCOOLISME. Cause de toutes les maladies modernes [(v. ABSINTHE et TABAC)].
[ALLEMAGNE. Toujours précédé de « blonde », « rêveuse ». Mais quelle organisation militaire !]
ALLEMANDS. Peuple de rêveurs (vieux). [Ce n’est pas étonnant qu’ils nous aient battus, nous n’étions pas prêts !]
[ALOÈS. Coup de canon.]
[AMBITIEUX. En province, tout homme qui fait parler de lui. « Je ne suis pas ambitieux, moi ! » veut dire égoïste ou incapable.]
[AMBITION. Toujours précédé de « folle » quand elle n’est pas « noble ».]
AMÉRIQUE. Bel exemple d’injustice : c’est Colomb qui la découvrit et elle tire son nom d’Améric Vespucci. [Sans la découverte de l’Amérique, nous n’aurions pas la syphilis et le phylloxéra. L’exalter quand même, surtout quand on n’y a pas été.] – Faire une tirade sur le self-government.
[AMIRAL. Toujours brave. Ne jure que par « mille sabords ! »]
[ANDROCLÈS. Citer le lion d’Androclès à propos de dompteurs.]
ANGE. Fait bien en amour et en littérature.
ANGLAIS. Tous riches.
ANGLAISES. S’étonner de ce qu’elles ont de jolis enfants. [Les vieilles Anglaises sont toujours laides.]
[ANTÉCHRIST. Voltaire, Renan…]
ANTIQUITÉ. Et tout ce qui se (sic) rapporte, poncif, embêtant.
ANTIQUITÉS (LES). Sont toujours de fabrication moderne.
[APLOMB. Toujours suivi de « infernal » ou précédé de « rude ».]
APPARTEMENT DE GARÇON. Toujours en désordre. – Avec des colifichets de femme traînant ça et là. – Odeur de cigarettes. – On doit y trouver des choses extraordinaires.
[APPÉTIT. Ce qui le donne.]
[ARBALÈTE. Belle occasion pour raconter l’histoire de Guillaume Tell.]
ARCHIMÈDE. Dire à son nom : « Euréka ! ». – « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde. » – Il y a encore la vis d’Archimède ; mais on n’est pas tenu de savoir en quoi elle consiste.
ARCHITECTES. Tous imbéciles. Oublient toujours l’escalier des maisons.
ARCHITECTURE. Il n’y a que quatre ordres d’architecture. – Bien entendu qu’on ne compte pas l’égyptien, le cyclopéen, l’assyrien, l’indien, le chinois, gothique, roman, etc.
ARGENT. Cause de tout le mal. – Dire : Auri sacra fames. [Le dieu du jour (ne pas confondre avec Apollon). Les ministres le nomment traitement, les notaires : émoluments, les médecins : honoraires, les employés : appointements, les ouvriers : salaires, les domestiques : gages. L’argent ne fait pas le bonheur.]
[ARMÉE. Le rempart de la Société.]
ARSENIC. Se trouve partout. Rappeler Mme Lafarge ( ?). – Cependant, il y a des peuples qui en mangent.
[ART. Ça mène à l’hôpital. À quoi ça sert, puisqu’on le remplace par la mécanique qui fait mieux et plus promptement. Beaux-arts, arts industriels.]
ARTISTES. Tous farceurs. – Vanter leur désintéressement (vieux). – S’étonner de ce qu’ils sont habillés comme tout le monde (vieux). – Gagnent des sommes folles, mais les jettent par les fenêtres. – Souvent invités à dîner en ville. – Femme artiste ne peut être qu’une catin. [Ce qu’ils font ne peut s’appeler travailler.]
ARTS. Sont bien inutiles, puisqu’on les remplace par des machines, qui fabriquent même plus promptement.
ASPIC. Animal connu par le panier de figues de Cléopâtre.
[ASSASSIN. Toujours « lâche », même quand il a été intrépide et audacieux. Moins coupable qu’un incendiaire.]
ASTRONOMIE. Belle science. – Très utile pour (n’est utile que pour) la marine. – Et, à ce propos, rire de l’astrologie.
ATHÉE. Un peuple d’athées ne saurait subsister.
AUTEUR. On doit « connaître des auteurs » ; inutile de savoir leur nom. [Mots d’auteurs. Manière dont il vivent.]
AUTRUCHE. Digère les pierres.
AVOCATS. Trop d’avocats à la Chambre. – Ont le jugement faussé [à force de plaider le pour et le contre]. – Dire d’un avocat qui parle mal : « Oui, mais il est fort en droit. » "

Le sang des farines, JF Parot

Le sang des farines est le sixième épisode des enquêtes de Nicolas Le Floch.


L'histoire : Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, se trouve mêlé à des intrigues qui le touchent tant personnellement que professionnellement. Il est envoyé pour une mission secrète en Autriche, auprès de l'impératrice Marie-Thérèse où il risquera sa vie. En rentrant à Paris, il est confronté à la révolte des farines : le prix du pain fait l'objet de multiples spéculations, un boulanger est assassiné... Et Nicolas doit également protéger son fils.>/i>



Une fois de plus, Jean-François Parot nous livre un excellent roman policier historique. Tout comme il nous avait décrit Londres, nous partons avec Nicolas à Vienne où il est confronté à l'étiquette impériale rigide. Il risque à nouveau sa vie, poursuivi par un mystérieux moine capucin...


A lire d'abord:



"L'éternelle chanson" de Rosemonde Gérard

Voici un poème de Rosemonde Gérard, femme d'Edmond Rostand, filleule de Leconte de Lisle et pupille de Dumas... Peut être vous dira-t-il quelque chose...? J'aime énormément ce poème que je trouve vraiment très romantique...



Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.


Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.


Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.


Sur le banc familier, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer;
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant souvent par un baiser.


Combien de fois jadis j'ai pu dire : «Je t'aime!»
Alors, avec grand soin, nous le recompterons.
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.



Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand, sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.


Et, comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain
Qu'importeront alors les rides du visage,
Si les mêmes rosiers parfument le chemin?


Songe à tous les printemps qui dans nos coeurs s'entassent
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens;


C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main,
Car, vois-tu, chaque jour je t'aime davantage

Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain!


En ce cher amour qui passe comme un rêve
Je veux tout conserver dans le fond de mon coeur,
Retenir, s'il se peut, l'impression trop brève,
Pour le ressavourer plus tard avec lenteur.
J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours.


Je serais riche alors d'une richesse rare,
J'aurais gardé tout l'or de mes jeunes amours,
Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève
Ma mémoire parfois me rendra la douceur;
Car de ce cher amour qui passe comme un rêve
J'aurais tout conservé dans le fond de mon coeur.


Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.


Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et tu me parleras d'amour en chevrotant.


Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec des yeux remplis des pleurs de nos vingt ans...
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs!

L'invitée, Simone de Beauvoir


L'histoire : C'est l'histoire d'un ménage à trois entre Pierre et Françoise (le coupe d'intellectuels) et Xavière, une jeune femme qu'ils prennent sous leur aile. Françoise accepte de partager Pierre mais le vit finalement assez mal et se révèle extrêmement jalouse. Xavière oscille entre les deux, inconstante, naïve voire manipulée., mais aussi manipulatrice. Tout cela dans un contexte d'intellectuels, de dramaturges et d'acteurs, dans un Paris marqué par l'Occupation.


Ce roman traite d'un ménage à trois, mais il n'y a rien de glauque! Il y a des sentiments, des rivalités... Françoise, tout comme le personnage principal dans La femme rompue, se révèle incapable de partager Pierre alors qu'elle ne supporte pas sa propre jalousie. C'est un roman qui m'a mise mal à l'aise, pas à cause de sa thématique, mais à cause de l'ambiance. J'ai oscillé à chaque lecture entre ennui et intérêt, continuant malgré moi ce roman, pour comprendre les 3 personnages. Pierre et Françoise se révèlent assez malsains dans leur façon de manipuler Xavière, cette fille qui s'avère bien plus calculatrice qu'il n'y paraît. Comme toujours, Simone de Beauvoir excelle dans l'appréhension de la psychologie des personnages et s'avère à nouveau scandaleuse dans ce roman publié en 1943.

Une vie, Simone Veil

 Dans son autobiographie, Simone Veil confie son enfance ainsi que ses années d'engagement en politique. Une vie loin d'être banale...

Résumé: Simone Veil est une survivante de la Shoah, cela a largement été commenté. Elle revient sur son enfance heureuse sur la côte d'Azur et sur ces années de déportation où elle a cotoyé l'horreur. Elle nous dépeint, par là, la société française de l'après-guerre qui n'a pas voulu ou pu écouter les déportés de retour. Elle évoque, par la suite, son travail dans le milieu carcéral puis le contexte de sa nomination au gouvernement et la défense de la loi légalisant l'avortement, qui porte aujourd'hui son nom.

Cette autobiographie est vraiment intéressante pour comprendre le parcours de Simone Veil et comment sa terrible expérience des camps a, par la suite, toujours guidé son engagement politique et humain. C'est une femme qui force le respect, peu importe que l'on partage ses opinions politiques ou non. Ce livre donne également sa vision de la société française, son expérience et les circonstances politiques de la loi Veil. notamment  Bref, une saine lecture qui permet de relativiser nos petits malheurs quotidiens, sans jamais tomber dans le pathos, et qui montre que l'on peut vivre en harmonie avec ses convictions. 

Petite anecdote : Simone Veil a intitulé ses mémoires Une vie en hommage au roman de Maupassant qu'elle aime beaucoup...

Deux jours à tuer, François d'Epenoux

L'histoire : A 42 ans, Antoine décide de tout larguer. Il quitte sa femme, se fait détester de ses enfants, de ses amis, casse tout autour de lui... Bref, il se donne 2 jours pour tout foutre en l'air... Pourtant, tout semble lui sourire dans la vie... Que lui arrive-t-il? Pourquoi change-t-il d'un coup? Personne ne comprend autour de lui...


Je ne vous en dis pas plus car il s'agit d'un roman assez court et je ne veux pas vous dévoiler la fin, cela enlèverait tout l'intérêt du livre. C'est un roman qui m'a pas mal bouleversée: l'écriture est touchante, violente, blessante... et les émotions d'Antoine destructrices. Quelque part, il fait tout ce dont on rêve : oser dire tout haut ce qu'il pense et tout balancer pour changer, pour vivre réellement au lieu d'être contraint par les contingences quotidiennes... Mais en même temps, il y a quelque chose de malsain chez Antoine dans ses réactions, il va loin et m'a pas mal dégoûtée. Cette violence me semble très réaliste, elle transmet tout à fait les réactions du personnage. Une petite déception, de ma part, dans la vraisemblance : le comportement de Marion, surtout à la fin... La dialogue entre les deux femmes me paraît un peu trop factice, trop facile, trop tout! Ou alors c'est l'égoïsme d'Antoine (ou son courage?) que je ne digère pas...

Un roman qui vaut le coup d'être lu si on est adepte des sensations fortes. Bien sûr, si l'on cherche, on devine un peu les raisons du comportement d'Antoine mais autant se laisser balader par le personnage et suivre son cheminement personnel. Ensuite, le choc est rude!

Un film a été tiré de ce roman, réalisé par Jean Becker, avec Albert Dupontel dans le rôle d'Antoine.

"Rêvé pour l'hiver", Arthur Rimbaud


Un poème de Rimbaud que j'apprécie particulièrement, tout douillet pour l'hiver qui s'installe...extrait de Poésies.

L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...

Et tu me diras : "Cherche!" en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...

En wagon, le 7 octobre 1870

Le crime de l’hôtel Saint Florentin, JF Parot


Le crime de l’hôtel Saint Florentin
est le cinquième tome des aventures de Nicolas Le Floch et on ne s'en lasse pas!!!


L'histoire: Nicolas Le Floch, après la mort de Louis XV et le départ de Monsieur de Sartine de ses fonctions, traverse une période difficile. Les relations sont mauvaises avec son nouveau supérieur, Monsieur Le Noir et sa position mérite d'être consolidée auprès du nouveau roi. De plus, un crime est commis à l'Hôtel de Monsieur de Saint-Florentin, ministre du Roi. Nicolas est alors amené à enquêter hors de Paris, chez des éleveurs de bestiaux et va devoir affronter tous ceux qui s'opposeront à la bonne marche de son enquête...



Rien de très nouveau dans cette nouvelle enquête de notre Nicolas Le Floch mais le plaisir reste le même! Surtout que dans ce tome, notre enquêteur risque sa vie et l'on n'en finit pas de tressailler à chaque menace! On craint également pour sa position depuis le départ de Monsieur de Sartine...
Un très bon policier historique : toujours superbement documenté avec une intrigue touffue...
A lire :

Simone de Beauvoir, écrivain militant

Simone de Beauvoir (1908-1986) a partagé la vie de Jean-Paul Sartre. Certes, mais elle est bien plus que la compagne de vie du philosophe et écrivain.
 Philosophe, romancière, essayiste, Simone de Beauvoir a touché à tout avec brio. Vivant dans l'ombre de Sartre, on l'a souvent mise de côté. Mal comprise, elle reste souvent caricaturée sous les traits d'une féministe ardente et inconditionnelle. Heureusement, l'anniversaire de sa naissance a permis une diffusion de portraits et d'ouvrages sur Simone de Beauvoir, loin des clichés médiatiques.
Elle révèle, très jeune, des qualités intellectuelles étonnantes et se sentira marquée par son sexe dès son enfance, son père lui répétant souvent "tu as un cerveau d'homme". Elle retrace son enfant dans  ses célèbres Mémoires d'une jeune fille rangée en 1958.
Après des études brillantes et diverses, notamment en lettres, elle choisit la philosophie et  prépare le concours avec notamment Sartre et Nizan. Sartre et Beauvoir finiront ex-aequo à l'agrégation  mais, en 1929, en cas de surnombre, les femmes passaient après : elle sera finalement classée deuxième tout en étant la plus jeune agrégée de France.
Sartre et Beauvoir formeront à partir de ce moment un couple mythique et scandaleux jusqu'à la fin de leur vie. Ils se définissent alors comme un amour "nécessaire", les autres étant alors "contingentes".
En 1945, Sartre, Beauvoir et Merleau-Ponty publie le 1er numéro de "Temps modernes".
En 1949, Simone de Beauvoir publie Le deuxième sexe, ouvrage qui fait scandale et dans lequel elle dénonce l'aliénation de la femme et prône l'indépendance de ce "deuxième sexe". Elle s'appuie sur de multiples données (sciences humaines, biologie notamment) pour montrer que la domination masculine n'est qu'un construit et non une donnée naturelle. Cet ouvrage aura une postérité bien plus importante aux Etats-Unis qu'en Europe, où on l'a souvent caricaturé.
En 1954, elle obtient le prix Goncourt pour Les mandarins, roman dans lequel elle s'interroge sur la société française après la seconde Guerre mondiale, face à l'émergence de l'URSS.
Simone de Beauvoir publie en 1958 ses Mémoires d'une jeune fille rangée puis suivront jusqu'en 1972 La force des choses, La force de l'âge, Tout compte fait et Une mort très douce.

Après la mort de Sartre en 1980, elle publiera une partie de leur correspondance dans La cérémonie des adieux et Lettres au castor.
Simone de Beauvoir décède le 16 avril 1986et est inhumée près de Sartre, au cimetière Montparnasse.


Personnellement, c'est un auteur que j'apprécie tout particulièrement, notamment à cause de son style mais aussi de sa sensibilité quand il s'agit de décrire des personnages, et particulièrement des personnages de femmes. J'aime aussi son côté scandaleux, sa liberté qui l'ont conduite à écrire des ouvrages bien différents de ce qu'on acceptait à l'époque.
A lire sur ce blog : 

L'affaire Nicolas Le Floch, JF Parot

L'affaire Nicolas le Floch est le quatrième volume des aventures du désormais célèbre commissaire au Châtelet.
L'histoire: Nicolas Le Floch se retrouve dans une position délicate alors que sa maîtresse est retrouvée empoisonnée et que tout l'accuse. Il va devoir prouver son innocence en se cachant, alors que de nombreux remous secouent la France et annoncent déjà la future Révolution. Nicolas est toujours aidé de ses amis, notamment Bourdeau, et déjoue un complot qui met directement en cause la sécurité de l'Etat et donc du roi.
Un épisode toujours irréprochable des enquêtes de Nicolas Le Floch. On est embarqué dans une enquête qui met directement en cause le héros que de nombreuses personnes veulent abattre. C'est l'occasion aussi pour l'auteur de faire voyager Nicolas et de nous présenter le Londres du XVIIIème siècle. 
Bref un bon roman comme Jean-François Parot aime à nous offrir...

A lire aussi (ou d'abord!):

Le petit sauvage, Alexandre Jardin

Le petit sauvage est sans conteste mon roman préféré parmi les ouvrages d'Alexandre Jardin!
L'histoire: Alexandre Eiffel découvre un jour qu'il ne ressemble pas à l'enfant qu'il a été, auquel son père répétait souvent "Le petit sauvage, tu es un fou!". Il a l'impression, à 38 ans, de s'être empaté, de se laisser aller dans sa vie misérable... Il quitte sa femme, rachète la maison de son enfance et, avec Manon, sa voisine, joue à l'enfant. Mais un adulte qui joue à l'enfant se fait rattraper rapidement par la réalité...

Cela a l'air bien léger, au premier abord. Un adulte qui joue à l'enfant, un enfant qui joue à l'adulte... Il grimpe dans les arbres, revit ses souvenirs... Mais on finit le roman en pleurant, comme quoi, c'est bien moins léger que ce qu'on pourrait croire au premier abord! L'auteur nous encourage à réfléchir sur notre vie et à savoir si l'enfant qu'on a été serait fier de nous. Une remise en question profonde via un roman enjoué. Le personnage est attachant, l'auteur nous entraîne totalement dans les excentricités d'Alexandre Eiffel et nous y fait adhérer totalement.Le style est celui d'Alexandre Jardin : simple, clair, excentrique par moment, intelligent. Un vrai plaisir...

Bref, c'est un roman original dont je ne me lasse pas! Une de mes lectures favorites!

Romain Sardou, un prénom à découvrir...

Romain Sardou (né en 1974) est un écrivain qui s'affirme de plus en plus. Et, même si l'on peut parfois commencer un de ses romans par curiosité, on y revient par goût!
Passionné par l'opéra puis par le théâtre, il découvre la littérature via le théâtre et abandonne le lycée pour devenir auteur dramatique. Il passe également 2 ans aux Etats-Unis pour écrire des scénarios pour enfants avant de rentrer en France et de publier  en 2002 son premier roman, Pardonnez nos offenses. 

Il s'essaie par la suite à différents genres : le contes de Noël (Une seconde avant Noël ; Sauver Noël), le thriller (Personne n'y échappera), le roman historique... En 2008, il publie Délivrez nous du mal, suite de son premier roman.
C'est un auteur intéressant, dont l'imagination est fertile et qui réussit à nous transporter ailleurs, que cela soit à la période médiévale ou au pays du Père Noël. Bref c'est un auteur à découvrir! J'ai vraiment eu beaucoup de plaisirs à lire ces romans et je vous les recommande chaudement!


Voir aussi sur ce blog :

Qui j'ose aimer, Hervé Bazin


Qui j'ose aimer
est définitivement l'histoire d'une lignée de femmes. Une histoire compliquée et qui se perpétue...
L'histoire: A "La Fouve", Isa a grandi avec sa mère, l'employée de maison bretonne et sa petite soeur handicapée, sans homme. Mais sa mère présente un jour son nouveau mari qui va devoir trouver sa place au milieu de ces femmes, dans la campagne nantaise. La réprobation du voisinage, l'ambiguïté des relations entre Isa et son beau-père, la maladie de la mère vont provoquer de nombreux drames dans la vie de ces femmes.


Un très très beau roman sur une lignée de femmes courageuses, libres, fières qui se débrouillent toujours sans homme. Etonnant que ce roman ait été écrit par un homme... J'ai aimé la liberté d'Isa ainsi que son audace, les paysages d'une région que je connais bien, le style franc, vrai et tendre. Une belle histoire qui mêle la tourmente familiale sur fonds de réprobation sociale. Hervé Bazin est connu pour ses romans sur la famille et il montre, dans cet ouvrage, une grande habilité à décrire la psychologie des personnages, sans jamais juger et avec beaucoup de douceur et de justesse. J'ai été d'abord attirée par le titre de ce roman, peu commun, et j'ai vraiment apprécié cette lecture.

Entre Harry Potter et Oliver Twist : Une seconde avant Noël, Romain Sardou


Une seconde avant Noël
est, vous l'aurez deviné, un conte de Noël qui a pour toile de fond Cokecuttle, une cité industrielle, en 1851 (d'où l'inspiration dickensienne) et pour personnage principal, Harold Gui, promis à d'extraordinaires aventures peuplées de lutins, d'esprits, de rennes volants (d'où le côté Harry Potter).

L'histoire : Harold Gui est un orphelin de 9 ans qui vit dans les rues de Cokecuttle pour échapper à l'horrible workhouse gérée par Mrs Parrott. Il va se retrouver accusé de vol, de meurtre et va être envoyé dans une ferme de redressement en Ecosse, gérée par le frère de Mrs Parrott. Il va alors découvrir un monde qu'il croyait disparu depuis longtemps, un monde magique, et, guidé par les lutins, Harold va devoir accepter son destin extraordinaire : sauver l'esprit de Noël et en faire une fête dédiée aux enfants. Et je ne vous dis pas comment...

Le lecteur ne doit pas être trop à cheval sur la vraisemblance, mais bon, c'est le propre d'un conte de Noël, tout est permis! Le récit n'est pas dépourvu d'humour, le narrateur s'adresse directement au lecteur, ce qui crée une certaine complicité et qui nous tient en haleine. Harold Gui est un personnage attachant qui tente de faire le bien autour de lui et qui se retrouve dans une réalité pleine de lutins adorables, de rennes volants, de cadeaux scintillants... Un peu de douceur dans ce monde de brutes, ça ne fait pas de mal ;).
Un joli conte de Noël à mettre entre toutes les mains en cette mi-novembre, pour se mettre dans l'ambiance...

Nicolas Le Floch, plus fort que jamais : Le fantôme de la rue Royale, JF Parot

Le Fantôme de la rue Royale est le troisième tome de la série des Nicolas Le Floch créée par Jean-François Parot

L'histoire : Les festivités pour le mariage du Dauphin tournent à la catastrophe, des carrosses foncent sur la foule, en plein Paris, faisant des dizaines de mort. Nicolas doit à nouveau enquêter sur la mort d'une jeune femme dont la cause semble être différente de ce que l'on veut faire croire... Nicolas Le Floch enquête sous l'autorité de Monsieur de Sartine depuis 10 ans et nombreux sont ceux qui sont jaloux de son succès. Il devra ainsi enquêter, déjouer les complots et surmonter les barrières qu'on lui opposera.
L'auteur ne nous déçoit pas dans ce nouvel opus : on retrouve tout ce qui nous fait aimer Nicolas Le Floch : la précision des descriptions historiques, les enquêtes cachant des complots politiques, des personnages attachants imaginaires, des recontres avec des personnages historiques... et l'intrépidité de Nicolas! La progression historique fait que Nicolas ne tourne pas en rond: l'auteur le fait mûrir, l'améliore, le change, le transforme en adulte... et le rend de plus en plus efficace, avisé et de moins en moins naïf. Il devient peu à peu un fin limier et prend de l'ampleur.

A lire :

La femme rompue, S. de Beauvoir


La femme rompue est à la fois une nouvelle et un recueil. On le devine, Simone de Beauvoir ici parle de femmes. Elle nous offre trois nouvelles sur 3 femmes en souffrance : "L'Âge de la discrétion", "Monologue" et "La femme rompue".

L'histoire:

Dans "L'Âge de la discrétion", une femme remet en cause sa vie, son mariage face aux choix de vie de son fils adulte.

"Monologue" dresse le portrait d'une femme en pleine crise d'hystérie, violente qui essaie de s'affirmer en tant que mère.

"La femme rompue" évoque Monique, femme intellectuelle et libérée, qui découvre l'adultère de son mari. Bobos, tous les deux ont toujours évolué l'un à côté de l'autre, souriant de la crispation bourgeoise des autres, s'affirmant comme libres... Et ces convictions se heurtent à la jalousie de Monique qui, finalement, s'avère possessive, humaine... mais à l'encontre de ses valeurs.

Ces nouvelles m'ont beaucoup touchée mais c'est surtout "La femme rompue" qui m'a totalement bouleversée.

Monique a vécu toute sa vie suivant ses valeurs et ses désirs mais elle perd totalement pied lorsqu'elle découvre que son mari la trompe. Elle passe par toutes les étapes: la relativisation (ce n'est qu'une passade, c'est moi qu'il aime), la jalousie (elle fouille ses poches), l'hystérie... Elle se révèle une femme bien à l'encontre de ses principes, de son code de vie. Cet ouvrage parle de femmes et il en parle bien. On ne peut qu'être touché. C'est un livre féministe, oui, mais bien loin des clichés de femmes hystériques prêtes à tout pour écraser les hommes. C'est un livre féministe, qui rend hommage aux femmes et montre que l'on peut être une intellectuelle et être en proie à la passion et à une jalousie dévorante, que les sentiments ne se commandent pas. Monique ne vire jamais dans le pathos, elle est sublime d'humanité tout le long. Une humanité qui m'a bouleversée sans doute par la vérité du récit, son réalisme.

Ce livre fait vraiment partie de mes ouvrages préférés. Les 3 nouvelles sont de sublimes portraits de femmes bien que "Monologue" notamment soit assez "fleuri" (je ne vous en dis pas plus!). Bref, trois beaux textes à mettre entre toutes les mains, masculines et féminines.

Jean-François Parot, diplomate romancier


Jean François Parot, né en 1946, auteur de la série des Nicolas Le Floch, est d'abord diplomate. Il a parcouru le monde au fur et à mesure des nominations et est aujourd'hui ambassadeur en Guinée Bissao. Quel rapport avec le Paris du XVIIIème siècle me demanderez-vous?

Eh bien, Jean François Parot a plus d'une corde à son arc! Il est historien de formation et diplômé d'Ethnologie, spécialiste des momies égyptiennes et des mythes des sociétés océaniennes ainsi que du... Paris du XVIIIème siècle! On comprend mieux la fabuleuse précision historique de ses romans, le plaisir de l'auteur à décrire les situations les plus quotidiennes et les événéments politiques.

La "légende" dit que le personnage de Nicolas Le Floch lui aurait été inspiré durant les longues soirées d'hiver, à Sofia, en Bulgarie, où il était en poste. Le succès est croissant depuis lors et l'on oublie parfois que Jean-François Parot n'est pas écrivain à temps plein! C'est bien dommage car il faut sans cesse attendre pour lire le tome suivant, et je vous assure, cela relève de la torture!

Jean-François Parot est sans doute un gourmand. On y sent une délectation certaine lorsqu'il décrit avec précision les différents mets dont se régalent les protagonistes de ses romans. L'odeur traverse les pages du roman et l'on regrette de ne pas pouvoir engloutir la moitié de ce dont se bâfrent les personnages!

Vous qui aimez l'histoire, le suspens, les personnages romanesques... Jean-François Parot écrit pour vous!



A lire:

L'homme au ventre de plomb, JF Parot

L'homme au ventre de plomb est le deuxième tome de la série des Nicolas Le Floch, écrite par Jean-François Parot. Il a été récemment porté à l'écran par France 2. Mais je vous recommande vivement la lecture de ces policiers.


L'histoire : Nicolas a pris peu à peu sa place dans la police parisienne et est désormais Commissaire. Lors d'une soirée au théâtre, il est informé qu'un jeune noble s'est suicidé alors que ses parents assistaient aussi au spectacle. Nicolas doute rapidement du suicide et, aidé par ses fidèles complices (Bourdeau, Semacgus, Sanson), il va mettre au jour un complot visant à faire tomber une famille entière.


Ce deuxième roman est excellent : Nicolas prend plus d'assurance, il s'installe confortablement au commissariat du Châtelet. Il prend de l'aplomb et affirme clairement ses opinions quant à la réalité du crime qu'il constate. Les moyens criminels sont originaux, l'intrigue bien montée, on ne peut pas lâcher le livre de toute la lecture! Comme à son habitude, l'auteur nous fait saliver en décrivant les plats préparés par la servante Catherine et vibrer en ménageant le suspens tout au long du roman.
Je suis sûre que ceux qui commenceront à lire Jean-François Parot ne pourront plus arrêter! J'attends tous les ans la sortie en poche du dernier tome : cette fois ci c'est pour décembre et je n'en peux plus d'attendre!

Voir aussi:

En plein coeur des terreurs médiévales : Pardonnez nos offenses, Romain Sardou

Encore un avatar des Sardou me direz vous! En quoi est il crédible en littérature? Eh bien lisez ce roman (vous le lirez d'une traite, j'en suis sûre) et vous y reviendrez!

L'histoire se déroule à l'hiver 1284 dans un petit diocèse du compté de Toulouse. La population est en proie aux peurs les plus irraisonnées depuis la découverte de corps suppliciés dans la rivière avoisinante. Un drôle de prêtre se présente alors pour prendre en charge la paroisse d'Heurteloup, petit village qui vit dans l'oubli total depuis des années. Personne ne sait ce que les habitants sont devenus... et pourtant, cette paroisse intéresse de très près l'entourage du Pape!


J'ai lu ce roman d'une traite et cela a été le cas de toutes les personnes à qui je l'ai prêté! Deux intrigues s'emmêlent et prennent tout leur sens en se rejoignant. On se retrouve totalement plongé dans un Moyen-Âge mystérieux et sombre, plein de rebondissements. Il y aurait sans doute des choses à redire pour les historiens les plus pointilleux mais, franchement, on se laisse complètement engloutir par cette enquête, qui nous amène à nous interroger sur les relations entre la religion et les hommes. Âmes sensibles, attention,!il y a pas mal de descriptions répugnantes qui correspondent totalement à l'atmosphère donnée par le roman, angoissante, terrifiante... mais totalement captivante!

J'aurais l'occasion de vous commenter d'autres romans de Romain Sardou, car j'ai bien accroché à son style et aux intrigues!

Françoise Chandernagor


Françoise Chandernagor (née le 19 juin 1945) a un parcours impressionnant : fille d'un député qui fut ministre sous le gouvernement de Pierre Mauroy, elle étudie à Sciences po Paris puis entre à l'Ecole Nationale d'Administration. Elle en sort major de sa promotion et, accessoirement, première femme à pouvoir s'en vanter! Elle intègre, par la suite, le Conseil d'Etat et occupera également plusieurs postes dans la haute administration.
Très engagée en tant que bénévole auprès d'organismes caritatifs, elle a été vice-présidente de la Fondation de France jusqu'en 1988.
Elle publie en 1981 L'allée du roi, premier ouvrage de sa bibliographie qui comporte aujourd'hui une dizaine de romans et une pièce de théâtre parmi lesquels L'enfant aux loups, L'enfant des lumières, La première épouse, La chambre...
L'allée du roi, sans doute son plus grand succès, a fait l'objet d'une adaptation télévisée en 1996.
Françoise Chandernagor a quitté l'administration et se consacre depuis plusieurs années à l'écriture. Elle est notamment membre de l'Académie Goncourt depuis 1995.
Vous pouvez consulter le site de Françoise Chandernagor qui vous donnera des idées de lecture!
Encore des bouquins à ajouter à nos provisions...
Voir sur ce blog:

Plongez dans le Paris du XVIIIème siècle : L'énigme des Blancs-Manteaux, JF Parot

L'énigme des Blancs-Manteaux est le 1er tome des aventures de Nicolas le Floch, personnage créé par Jean-François Parot.

Certains ont dû découvrir les aventures de Nicolas Le Floch grâce aux téléfilms actuellement diffusés sur France 2... Ceux-ci sont de bonne qualité mais franchement, rien ne vaut les livres! Et je suis une fan de la première heure!

L'histoire:Nicolas Le Floch est un jeune homme sans famille élevé par le chanoine Le Floch et parrainé par le marquis de Ranreuil. Nicolas et la fille de son parrain, Isabelle, s'aiment depuis toujours mais le marquis, lorsqu'il découvre cet attachement, envoie Nicolas à Paris et le recommande au chef de la police parisienne, Monsieur de Sartine. Nicolas, tout juste arrivé de sa Bretagne natale, va trouver sa place à Paris et enquêter sur la disparition du Commissaire Lardin, chez qui il loge. Nicolas va également apprendre le secret de sa naissance...

Une série policière qui démontre sa qualité au fur et à mesure des volumes. Nicolas Le Floch prend de la sagesse en vieillissant, tout en restant curieux et sûr de lui. La reconstitution historique est excellente, on s'y croirait! L'auteur nous emmène droit dans le XVIIIème siècle à force de détails, notamment culinaires. Une superbe série dont je ne manquerais pas de vous présenter les autres tomes...

L'Allée du roi, Françoise Chandernagor

L'Allée du roi est un véritable petit bijou que beaucoup d'entre vous ont déjà lu, j'en suis sûre!

L'histoire : Il s'agit des mémoires de Françoise d'Aubigné, future Madame de Maintenon, imaginées par l'auteur à partir d'une documentation précise : des courriers de Madame de Maintenon elle même, des récits et mémoires de ses contemporains, etc. On suit alors le parcours de la future femme de Louis XIV depuis son enfance jusqu'à la fin de sa vie, de son enfance dans les îles à son mariage avec Scarron, de son apparition timide à la Cour jusqu'à son mariage et à la création de l'école de Saint-Cyr.

Françoise Chandernagor nous dresse un portrait de Madame de Maintenon sensible et extrêmement documenté. On s'attache à cette femme qui passe de la misère la plus totale à la richesse royale, qui a une existence toute en contrastes. Je me suis beaucoup attachée au personnage de Françoise et j'ai apprécié ses péripéties ainsi que le climat de la Cour du Roi Soleil. Le Roi lui même apparaît tiraillé entre sa condition de roi et sa vie d'homme. Bref, il s'agit d'une excellent roman qui permet d'introduire des notions d'histoire de France, tout en restant un roman. En plus, c'est un pavé... et ça c'est un véritable régal!